Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

C'était pas gagné à sa sortie en plein battage à n'en plus finir de cette énième bras d'honneur des USA aux Conventions de Genève et c'était pas gagné non plus pour le procédé du docu-fiction qui reconstitue les évènements en les mettant en scène, le tout accompagné de témoignages des trois ex-prisonniers innocents de Guantanamo. J'ai préféré attendre... Six ans plus tard, le message reste plus que valable. ça fonctionne, et même mieux que ça à ma grande surprise.

La partie fiction très prédominante est édulcorée mais reste d'autant plus réaliste qu'elle colle aux témoignages qui jalonnent le parcours et complètent les faits régulièrement. Les trois jeunes acteurs principaux très convaincants ne ressemblent pas aux véritables protagonistes presque volontairement, comme pour accentuer la distinction constante entre les témoignages et la représentation qui en est faite. La démarche est ailleurs que dans la réalité violente à outrance. Les plans sont serrés le plus souvent et alternent avec de vraies images documentaires des sites traversés. Le réalisme des prises de vue plonge bien dans la situation avec peu de moyens et cherche avant tout à retranscrire une atmosphère ambiante. Les évènements sont si anodins au départ (ils pourraient tellement arriver à presque n'importe qui) et ceux qui suivront la capture sont si accablants, qu'ils suffisent à croire en la véracité de chaque détail de cette descente aux enfers, assez abrutissante peut-être, mais c'est aussi le but de la manœuvre.

Le film se veut sobre sous son évidente dénonciation. Les trois adolescents sont si ordinaires et insouciants que leur histoire en devient frappante. La fin est à ce propos très belle j'ai trouvé. Les deux copains vont finalement au mariage du troisième 4 ans après la date prévue et leurs visages rayonnent. Leur amitié les a certainement sauvé et nous de ressentir d'autant plus fort la brutalité et la terreur commandée et déployée par l'Armée et l'État Américains pour endiguer la simple peur du terrorisme. Ici, la terreur est définitivement américaine et les jeunes musulmans sont les héros assoiffés de liberté, une sorte de mise en abîme du scénario Hollywoodien sur des faits réels. C'est certes un peu entendu dans l'idée mais ça reste très bien amené, réaliste, finement orienté et une belle réussite en ce qui me concerne.
drélium
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Docs en stock

Créée

le 3 janv. 2012

Critique lue 570 fois

drélium

Écrit par

Critique lue 570 fois

4

D'autres avis sur The Road to Guantanamo

The Road to Guantanamo

The Road to Guantanamo

le 10 août 2014

Nous afons les moyens de vous faire parler :/

Alors qu'ils s'offraient un road trip au Pakistan, leur terre d'origine, à l'occasion du mariage de l'un d'eux, quatre amis se sentent pousser des ailes altruistes. Ils décident d'aller juger de...

The Road to Guantanamo

The Road to Guantanamo

le 1 déc. 2012

Critique de The Road to Guantanamo par Le Blog Du Cinéma

Michael Winterbottom a filmé la noirceur anglaise, qu’elle soit contemporaine dans Butterfly Kiss ou historique dans l’adaptation de Jude the Obscure : le réalisateur éclectique et son ancien monteur...

The Road to Guantanamo

The Road to Guantanamo

le 7 janv. 2011

Critique de The Road to Guantanamo par Brice B

Si ce film documentaire, ce docu-fiction, cette fiction-documentarisée, bref, comme vous voulez, est agréable et interessante, elle ne casse pas des briques. Le principe consiste en un assemblage...

Du même critique

Edge of Tomorrow

Edge of Tomorrow

le 23 juin 2014

Cruise of War

Personne n'y croyait mais il est cool ce film ! Dingue ! On aurait juré voir la bouse arriver à 100 bornes et voilà que c'est la bise fraîche ! Doug Liman reprend pourtant le concept de "Un jour sans...

World War Z

World War Z

le 5 juil. 2013

Brade pire.

Misérable. Pire film de zombies. Je m'attendais à rien et j'ai eu rien. J'ai même eu plus que rien, ou plutôt moins que rien. Il n'y a rien. Les seules scènes valables sont les trois moments...

Requiem pour un massacre

Requiem pour un massacre

le 27 avr. 2011

Va et regarde la guerre

Il y a peut-être un micro poil trop de gros plans de visages pétrifiés qui mettent en évidence un fond légèrement binaire comparé à d'autres œuvres plus ambigües et analytiques. Il n'est pas question...