Quel regard caustique sur l’humanité ou plus précisément l’inhumanité.
Les scènes et situations composent un portrait au vitriol sur l’imposture intellectuelle et sociale.
On est sans cesse confronté à la violence symbolique des rapports humains, le personnage principal est une sorte d’archétype de la figure masculine (rôle principal), et le film la met à l’épreuve du kaléidoscope de l’existence, à travers sa relation feinte aux autres (société, sexualité, amitié, famille…). Il faut dire qu’à travers l’exposition d’une masculinité obscène, il offre admirablement prise aux différents prismes (narcissisme, pouvoir, manipulation, mépris…) de la mise en scène.
Les situations s’enchaînent, sans que le réalisateur ne cherche à en épuiser le sens, ce qui permet au film de garder toute sa causticité, de continuer à déranger, d’autant que les expériences vécues du personnage de conservateur de musée créent une sorte de fêlure, de prise de conscience, mais il est tellement empêtré en lui-même qu’il en deviendrait presque attachant. Le film annonce à n’en pas douter la 2ème Palme d’or à venir, tant est déjà présent un sens du décapage et de la dénonciation des travers de nos sociétés contemporaines, ici leur versant occidental, qui fait craquer les différentes couchent de vernis qui nous protègent, car l’humain ici c’est bien nous ou en tout cas nous ressemble, pour cela le cinéaste mobilise un sens de la mise en scène remarquable, chaque épisode du film à sa force propre, qui vient nous dévisager. Il y a dans ce film quelques moments d’apothéose, des côtés réflexifs qui permettent des renversements de perspective, des plans et cadrages vertigineux.