Elle en pire
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le 10 oct. 2024
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Je dois tout d'abord préciser que je suis retourné voir cette monstrueuse chimère intrigante une seconde fois au cinéma pour me délecter plus encore des sensations fortes, de la plastique et du plaisir cinéphilique qu'elle a suscité en moi lors du premier visionnage. J'aurais bien accordé la palme d'or à ce fantastique film gore-tesque, monstre-sublime.
The substance est un body horror movie qui se vit à mille à l'heure dans un roller coaster de gros plans et d'inserts incisifs qui soulèvent notre sensibilité, nous écœurent, nous impressionnent et nous fascinent par leur composition esthétique sensationnelle et choc. 2h20 de pur jeux de matières, de couleurs, de formes et de sons qui se distordent, s'entrechoquent et se percutent de manière organique dans un orchestre-bordel structuré par une main de maitresse du genre horrifique, Merci Caroline.
Le tsunami d'hémoglobine qui démolie tout sur son passage ne se réduit pas à un simple exercice de forme, il est ici le théâtre ultra explicite d'un cri féminin que l'on ne peut plus taire, qui rend le spectateur souvent bouche bée, parfois hilare. Il est question de recevoir la chair féminine fraiche ou en putréfaction en plaine face, de s'y frotter et (souvent) de s'y piquer… Car tout à une date de péremption dans le matière organique! Et lorsque qu'elle devient le sujet substantiel de l'existence d'une femme au sein de la société, l'affaire peut rapidement devenir monstrueuse. C'est le propos que Forgeat étire en long et en large comme une purée d'aligot infiniment élastique.
Si le film met les mains dans le plats côté outrances visiophoniques et martèle les spectateurs de magnifiques insanités à faire pâlir Cronenberg, l'humour piquant et grotesque de "the substance" se charge d'assouplir l'horreur tout en donnant de l'épaisseur au propos féministe du film avec panache. Car le film se veut extrêmement ludique et provocateur! Chaque image, son, dialogue et regard sont riches de sens, chargés de symboles et d'allégories.
Il en résulte un atout ludique majeur qui émoustille nos cerveaux en éveil; la richesse des citations filmiques, picturales, littéraires allègrement, outrageusement vomis à foison tout au long du film. On se plait à contempler une séquence gore à souhait qui réussi à entremêler Kubrick, Lynch, Carpenter, De Palma et James Whale pour façonner un monstre grotesque et sublime rapiécé de pellicules cinématographiques. On jubile de voir sous un nouveau jour hyper contemporain le portrait de Dorian Gray sous le format d'une affiche publicitaire surplombant la ville. Car tout est question de miroir dans ce jeu de massacre d'alter-égo féministe novatueur faustien.
Au cœur de ce face-à-face existentiel ultra physique, sur le ring de la célébrité se débattent margaret qualley (exténuante de sourire niais, de perfection; fascinante en femme robot qui se repait d'un star system bien dégueu) et Demi Moore (qui réussi un numéro d'équilibriste dans un rôle qui serait l'allégorie de ses phobies les plus profondes) qui ne font qu'UNE. Une guerre des corps qui se battent pour garder leur intégrité esthétique, leur valeur sociale sur une b.o fantastiquement physique et chimique...
Si Julia Ducournau avait ouvert la porte du cinéma sur le bal des "monstres", Caroline Fargeat la défonce (littéralement) au marteau démolisseur... Et on en demande encore!
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Créée
le 13 nov. 2024
Critique lue 14 fois
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