The Terrorizers
7.1
The Terrorizers

Film de Edward Yang (1986)

The Terrorizers d'Edward Yang est très surprenant, beaucoup plus tendus, plus sombre que ses autres films, à l'instar d'un Mahjong qui est le plus léger de sa courte filmographie et moins mélancolique que Yi Yi , film bouleversant sur les échecs et les renoncements.


C'est un film complexe, à la narration heurtée et où la violence du capitalisme se fait ressentir à chaque plan. Nous suivons trois couples qui sont liés de façon hypothétique. Les trois couples sont donc un photographe au chômage et sa petite amie, une brigande et son complice, mais aussi une romancière déprimée et son mari qui travaille à l’hôpital. Toustes vivent à Taipei, épicentre des tensions.


Si Edward Yang est connu pour un style assez fluide, dans The Terrorizers, c'est comme les rebords tranchants d'un cube en verre. On se laisse porter à travers cet entremêlement d'histoires, sans vraiment tout saisir, aspiré par une violence sourde. Finalement, on voit l'histoire bien plus à travers le personnage du photographe obsessionnel, qui fait évidemment penser à Blow-up d'Antonioni et à la romancière désabusé qui finira par écrire un roman.


Ces deux personnages sont les plus élaborés et vivent les péripéties en les subissant, plutôt qu'en les provoquant. Ce qui est subit est l'inéluctable tragédie d'un monde où la réussite de chacun·e passent par la destruction du chemin de l'autre. C'est un monde où les seules perspectives se font à travers des combines moralement regrettables.

Dans ce film, le terme de désillusion n'est pas un vain mot pour Edward Yang, mais une forme de lucidité que l'on ressentira une fois le film terminé, soufflant d'un soupir soulagé pour retourner dans une réalité qui ne tient pas dans une temporalité de moins de deux heures.


Mais le film possède une saveur particulière, comme les autres films d'Edward Yang, un charme peut-être ici plus brutal nous ouvrant les yeux sur un monde qui était déjà en 1986 dans un cycle de crises perpétuelles. C'est peut-être cela aussi le cinéma, l'espace où même les yeux fermés, nous observons les fragilités du monde avec plus de sensibilité.

Adrien_Meignan
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il y a 5 jours

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