The Thing est adapté d'une nouvelle de 1934, qui avait déjà été adaptée en 1951, avec La Chose d'un Autre Monde. Mais il y a bien autre chose à quoi le comparer : Alien, de Ridley Scott, sorti trois ans plus tôt.

Alien. The Thing. Ou comment exploiter une même idée de deux façons différentes et marquantes, pour donner naissance à deux perles. Les deux films ont ainsi en commun le huis clos dans un milieu hostile (un vaisseau perdu dans l'espace, une base météo en Antarctique), une équipe réduite sur les lieux, et un âpre combat pour survivre. Mais ça s'arrête là. Là où Ridley Scott nous fait expérimenter la peur et laisse de l'espoir à la fin, John Carpenter nous montre comment faire naître la paranoïa dans un groupe soudé et nous laisse sur une fin amère.

Car c'est bien dans le traitement de la menace que les deux films divergent et font naître deux visions différentes de la peur. Dans Alien, la menace est clairement identifiée, un corps étranger à l'apparence bien spécifique, et chacun peut compter sur les autres pour le couvrir. Ici, ce n'est pas possible, car l'entité prend l'apparence de son hôte jusqu'à ce qu'elle se montre à nouveau. Aucun aspect bien défini, aucun moyen de l'identifier, la menace ne vient plus vraiment de l'extérieur, elle se débrouille pour se masquer à l'intérieur.
Ainsi naissent la paranoïa et la suspicion. Qui est digne de confiance ou pas ? Y a-t-il moyen de l'arrêter ? Ne veut-il pas mieux tuer tout le monde par sécurité ? Les personnages d'Alien sont confrontés à la peur et leur désir de survivre, Carpenter les confronte en plus directement à eux-mêmes, à la peur de l'autre, les heurte à leur morale, et les fait sombrer dans la folie. Là se cache tout l'enjeu du film, avec, au final, une seule question à vraiment poser à soi-même pour chaque personnage : jusqu'où suis-je prêt à aller pour survivre ?

Et ça, chacun l'apprendra durant ce combat...
Avec peu de budget, on peut faire de grandes choses, comme le prouve ce film qui n'a pas vieilli, si ce n'est par la qualité des effets visuels, qui font aujourd'hui très grand guignol, mais offraient leur lot de frayeur à la sortie. Il nous reste tout de même une sublime ambiance de flippe et un développement prenant. Et, quelque part, c'est tout ce qu'on demande à un film du genre, non ? Quand, en plus, il a un fond travaillé, comme c'est le cas ici, c'est encore mieux.

The Thing est un film culte du genre, au même titre que Alien, et c'est mérité dans les deux cas.
Lonewolf
8
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le 1 juil. 2012

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Lonewolf

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