Dans une station de recherche située en Antarctique, un groupe d'Américains doit subitement faire face à une menace inconnue qui a déjà ravagé une base norvégienne toute proche. Cette menace, qui arrive dans la station sous la forme d'un chien, possède un terrible pouvoir de métamorphe, rendant sa traque et sa destruction quasi impossible...


Dans The Thing, John Carpenter développe un récit de science-fiction et d'horreur, deux genres explorés par le réalisateur dans la plupart de ses précédents longs-métrages. Tourné au début des années 80, la créature du film est créée par le maquilleur Rob Bottin, qui utilisera des effets spéciaux mécaniques (le numérique n'étant pas encore accessible à tous) afin de lui donner vie. Ce travail titanesque de près d'une année donne un résultat terrifiant.


Outre la créature, la puissance horrifique de The Thing réside dans une importante tension psychologique. La paranoïa collective qui envahit l'équipe s'explique aisément. Mon voisin a-t-il été infecté? Puis-je lui faire confiance? Et moi ? Suis-je encore un être humain ? Les questions tournent en boucle chez les protagonistes dont le nombre ne cesse de diminuer et qui, isolés du reste du monde, basculent peu à peu dans la folie. Une folie mortifère.


Dans ce cadre polaire où règnent le blizzard et la nuit, la plupart des scènes se déroulent au sein de la station, dans des corridors obscurs ou des pièces étroites et chargées de matériel. Ce contraste de décor est accentué par la dualité de l'aspect métallique de la base avec celui organique du monstre. La musique d'Ennio Morricone donne tout son sens à cette dualité avec le thème principal faisant penser à des pulsations mesurant une fréquence cardiaque.


Le seul bémol à la mise en scène et à la qualité du récit serait la scène d'introduction. Carpenter laisse habilement de nombreuses zones d'ombre dans son film, que ce soit quant à la vie passée, certainement tourmentée, du personnage principal interprété par Kurt Russell, ou encore lors de la scène finale qui conserve une grande part de mystère. Ces premières secondes de The Thing avec cette soucoupe volante s'écrasant sur la Terre nous dévoilent sans préambule l'origine du mal.


Remake d'un film des années 50, La Chose d'un autre monde, The Thing est considéré par beaucoup comme l'un des chefs-d'œuvre du cinéma d'horreur. Cette brusque descente aux enfers où folie, paranoïa et terreur se bousculent au portillon ne peut en effet laisser indifférent.

Vincent Ruozzi

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