Pour l'heure, au cinéma, ce sont toujours des humains qui jouent les rôles d'androïdes, an attendant un jour l'inverse, peut-être. Le thème de l'intelligence artificielle est à la mode comme le montrent par exemple Ich bin dein Mensch et The Trouble with being born, le premier étant aussi léger et divertissant que le second sombre et ambigu. La réalisatrice de ce dernier, Sandra Wollner, est autrichienne et dans la lignée de Michael Haneke et Jessica Hausner, pour lesquels susciter le malaise est une manière d'éveiller les consciences. Avec son titre en hommage à Cioran, De l'inconvénient d'être né, le film de Sandra Wollner, divisé en deux segments qui se font écho, s'intéresse moins à la psychologie des androïdes, qui ne sont rien d'autre pour elle que des "créatures" programmées pour servir, qu'à celle torturée de leurs maîtres, soit en l'occurrence un homme aux penchants pervers puis une vieille femme meurtrie. Les deux personnages sont dans la recréation de leur passé et dans l'a tentative de sortie d'un deuil. Mais dans ce film que la réalisatrice définit comme un "anti-Pinocchio", rien n'est vraiment clair, certaines phrases revenant en boucle, dans une atmosphère brumeuse à couper au couteau. La cinéaste autrichienne a du talent, c'est évident, mais The Trouble with Being Born, à la fois équivoque et lancinant est fondamentalement déplaisant dans son thème et sa noirceur très artificiellement stylisée.