Dans les années 2000 on a pu voir sur nos écrans plusieurs films évoquant la question controversée du terrorisme d'extrême-gauche : citons "Buongiorno, notte" de Marco Bellocchio (Ita., 2004), "Les Trois vies de Rita Vogt" de Volker Schlöndorff (All., 2000), "Baader de Roth Christopher" (All., 2002), "Ni vieux, ni traitres" de Pierre Carles (Fr., 2004) ou "La Bande à Baader" d’Uli Edel (All., 2008), sans oublier les films sur Che Guevara (Steven Soderbergh) ou sur Carlos (Assayas).
"The Weather Underground" de Sam Green et Bill Siegel (USA, 2002) est de mon point de vue, l’un des témoignages les plus intéressants sur ce que furent ces années mouvementées de luttes armées. Les « Weathermen » (les « météorologues »), bien que peu connus en France, figurent pourtant parmi les groupes les plus actifs des années 70. Originellement dissidents du SDS (« Etudiants pour une société démocratique »), proches des Black Panthers, ces jeunes américains très « middle-class » entrent en 1969 dans la clandestinité avec le but d’importer la guerre du Vietnam sur le territoire américain (selon la célèbre formule de Guevara : « il faut allumer 2, 3, de nombreux Vietnam »). « Ils » ce sont notamment le couple formé par Bernardine Dohrn et Bill Ayers et quelques autres (Mark Rudd, David Gilbert, Brian Flanagan…) qui commettent au début des années 70 plusieurs attentats contre des bâtiments publics étasuniens, sans qu’il y ait une seule victime. En 1970 ils organisent l’évasion de Timothy Leary, le pape du LSD, et se joueront ainsi du FBI près de 10 années durant jusqu’à ce qu’ils décident de se rendre les uns après les autres au début des années 80.
Le film, il faut le dire, est assez fascinant. Il brosse avec force le contexte d’une époque synonyme de guerre du Vietnam et de révolution culturelle - le nom de l’organisation vient de la chanson "Subterranean homesick blues" de Dylan. Habilement monté, mêlant images d’archives, journaux d’actualité d’époque et interviews actuelles, "The Weather Underground" pose, comme tous les titres précédemment cités, la question du recours à la violence politique. Pour ne pas entrer dans ce débat complexe, je dirais juste que le film ne semble pas prendre position - il faut dire qu’il sort juste après les attentats du 11 septembre 2001 - et laisse donc le spectateur face à sa propre conscience. A vous de vous faire votre opinion…