En soit, oubliez la propagande aguicheuse plaçant The Witch en tant que nouveau fer de lance d'un cinéma d'horreur au bout du rouleau. Nous sommes ici à des lieux de ce que le genre, même dans ses œuvres les plus réussies, nous a offert ces derniers temps. Bien sûr, le titre évocateur suffit à nous donner une idée de ce à quoi nous avons affaire : une sorcière.
Brrrr... Il y a eu celle de Blair ou encore les sœurs Halliwell. Rien de bien encourageant.
Heureusement, on en est loin ! On est même loin de l'horreur, si loin qu'on lorgnerait plutôt vers l'angoisse et l'ambiance déconcertante avec ses petits pics d'étrangeté pour nous compter la naissance des sorcières de Salem.
Une des réussites du film repose tout d'abord dans l'époque à laquelle il prend place. Les années 1600, l'omniprésence de la religion et, des hommes et des femmes encore soumis aux légendes et aux croyances. Robert Eggers nous immerge dans cette famille qui s'établie aux limites de la civilisation, à la lisière d'une forêt immédiatement inhospitalière et d'emblée, sous la houlette d'un père que l'on taxerait aujourd'hui de fanatique religieux, aux prises avec ses démons.
Ce qui m'amène à l'autre réussite du film, ce lien indéfectible entre les actions et réactions rationnelles des personnages faites de mensonges, d'accusations et de non-dits et, toutes ces brèves envolées sombres où la sorcellerie et le surnaturel pointent le bout de leurs doigts crochus et décharnés.
Des scènes d'ailleurs aussi hypnotiques que malsaines où l'angoisse revêt l'habit de nos plus simples peurs, avec le sentiment que les contes de Grimm ont puisé leur inspiration dans les écrits de cette période.
Au final, The Witch est donc une réussite qui vaut surtout par son ambiance dépouillée à la faible lueur des bougies et son récit "historique" qui voit cette famille se débattre avec ses membres, ses peurs et ses croyances. C'est aussi l'occasion de découvrir une actrice et un visage en la personne d'Anya Taylor-Joy, d'une beauté intrigante.