La représentation de la sorcière a quelque peu évolué au fil des âges, de la vieille harpie de mégère au nez crochu à la pute BDSM aux gros nibards. En réalité il s’agissait bien souvent de féministe jalouse et frustré ou bien de grand-mère isolé confectionnant des remèdes ou pratiquant des avortements. Imaginez quand même que Haxan de Benjamin Christensen fût tout bonnement bannis aux Etats-Unis et censuré dans beaucoup de pays pour une poignée de séquences impliquant de la nudité et des sévices. Les temps ont tout de même bien changés, ce que l’on pourra éventuellement mettre sur le dos de la décadence occidentale. Mais qu’est-ce qui effraie le plus l’homme chez la sorcière ? Serai-ce ses affreuses verrues plantaires ? Ses pouvoirs occultes ? Son refus à l’autorité patriarcale ? Il est vrai que la mythologie en a fait cette chimère volant sur un balaie kidnappant nos enfants pour les dévorer. En réalité, il faut remonter aux fondement même de sa création dans le jardin d’Eden puisque Eve en bonne tentatrice poussera le noble Adam à croquer dans le fruit défendu. Car c’est bien la femme qui par ses charmes nous ensorcelle et nous ponctionne toute notre sève et vigueur de jeunesse dans le lit maritale, vivant à nos crochets avant de nous enterrer dans la fleur de l’âge.


Alors à une époque où les comportements misandre ont pignon sur rue, il fait bon de pouvoir redécouvrir un film bis particulièrement misogyne dans sa représentation du sexe féminin. Si vous ajoutez à cela des orgies démoniaques, des messes noires, de la chair et du sang. Que peut-on bien demander de plus à Uncut Movies ? La petite société orléanaise s’est fait spécialiste en la matière, et parmi son catalogue de distribution où certaines de leurs éditions sont parfois tirés à 1000 exemplaires, celle-ci semble pourtant avoir pris la poussière sur leurs étagères. Il faut dire que le film ne paye vraiment pas de mine comme ça, avec sa jaquette abominable sur fond blanc maculé de petites gouttes de sang, avec la présence de ce copycat d’Elvira aux énormes seins qui semble nous fixer droit du regard. Le visuel semble avoir été réalisé sur Photoshop par un débutant, pourtant, voilà un film qui ne nous trompe jamais sur sa marchandise et sur lequel nous projetions nos fantasmes depuis quelques années déjà.


The Witch’s Sabbath est d’ailleurs vendu comme « le film qui a terrorisé l’Amérique ». L’Amérique rural devrait-on dire. Celle des déclassés, des cutéreux sans emploi biberonnés à la budweiser mais aussi des consanguins, des frustrés et pervers en tout genre qui fréquente les boîte de strip-tease minable comme le Sin n’ Skin qui sert d’antre à une trinité de sorcières qui cherchent à mettre la main sur 666 âmes avant le prochain halloween pour accomplir leur rituel cabalistique en l’honneur du sheitan et ainsi pouvoir continuer à jouir de leur immortalité. Arrachage de tête, geyser d’hémoglobine, et attouchements sont au programme des réjouissances avec une galerie de personnages complètements stéréotypés qui vont tenter d’échapper à l’emprise de bimbos interprété par des porns stars sur le retour. Lisa Sparxxx que l’on a déjà vu par le passé se faire déboîter par des BBC, paye sa contribution en triturant ses énormes nichons sans jamais moufter un mot à l’écran. Ne comptez pas sur Ron Jeremy pour jouer au héros, puisqu’il sera cantonné a faire de la figuration dans un rôle aux antipodes de sa carrière dans le X, à prêcher la bonne parole avant de se faire démembrer dans la joie et l’allégresse communicative. Finalement le véritable crédit est surtout à mettre à l’égérie de la maison Brain Damage Films, j’ai nommé Syn Devil (RIP à son âme) qui interprète une vilaine succube de l’enfer aussi bandante que terrifiante. Heureusement, l’intérêt ne repose pas uniquement sur cette irrésistible distribution, même si on sent que Jeff Leroy tente de faire ce qu’il peut avec ce qu’il a (un peu comme moi avec cette critique). La mise en scène alterne donc entre entre le minimalisme d’un porno et celui à peine plus stylisé d’un David DeCoteau, ce qui lui permet parfois de palier à l’étroitesse de ses rares décors comme ce bar miteux filmé à grand renfort de travelling ou celui plus baroque d’un manoir envahi de pentagramme, de projecteurs de couleurs et d’effets de fumées. Le réalisateur se sent même pousser des ailes avec des split screen et fish-eye du pauvre afin de déformer son environnement exigu, ou bien d’insuffler une atmosphère sinistre et oppressante en simulant le tonnerre.


Mais tout cela ne serai rien sans les effets spéciaux de Ron Karkoska (Faust, Reeker, Urban Legend Bloody Mary, Wishmaster 3 et 4, etc...) qui s’en donne à coeur joie notamment lors d’un final bouillonnant qui paye sa filiation avec Evil Dead 2 dont on retrouve le poignard ainsi qu’une créature lovecraftienne qui entraîne les actrices dans sa gueule édenté. Il manque néanmoins une véritable générosité ainsi qu’un souffle plus épique pour rendre cette apocalypse réellement crédible à l’écran. Nul doute que Todd Sheets s’en inspira pour son Dreaming Purple Neon qui fera bien mieux de ce côté là. Vous connaissez ce genre de mecs un peu autiste et gras du bide qui vivent dans des garçonnières qui sentent la sueur et le vieux sperme et qui ne daignent jamais sortir de chez eux ? Mais si vous savez, ce genre d’individu qui ne se cache même plus de regarder du porno à longueur de journée au milieu des emballages de KFC, pizza, et cannettes de bière tiède. On en voit justement un magnifique spécimen dans ce divertissement qui tente comme il peut de refréner ses pulsions et fantasmes sexuels sur son date, mais chassez le naturel et il revient au galop. Nul doute que la clientèle de Uncut Movies devrait se retrouver fidèlement dans ce portrait au vitriol. Cette critique leur est donc dédié.

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le 8 avr. 2024

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