S’il est un film auquel Théo&Hugo fait immédiatement penser, c’est bien Weekend D’Andrew Haigh. En bien des points les deux films se confondent, se répondent ; chacun s’articulant autour de l'amour naissant entre deux partenaires d’un coup d’un soir. Cette comparaison, aussi intéressante soit-elle, ne m’est ici utile que pour souligner ce qui fait de ce Théo&Hugo un film à part.


En effet, là où Weekend présente d’emblée l’impossibilité de la relation et fait se heurter les personnages aux limites qui leur sont imposées, Théo&Hugo préfère lui une approche résolument plus optimiste. C’est à mon sens ce qui fait de ce film une réussite totale ; au-delà d’un enjeu dramatique pourtant présent, le film offre la possibilité aux personnages de trouver une issue, un abri. Il ressort alors du film une atmosphère candide, où l'innocence, voire la naïveté, arrive à compenser une écriture souvent maladroite.


Mais ce qui divise le public, je pense, dans ce film, réside dans le passage constant de l’artificiel à l’intime. En effet, prendre le parti de suivre les personnages quasiment minute par minute force les réalisateurs à justifier que les personnages ne se quittent pas avant la fin du film. Il vient alors, surtout au début du film, un gentiment de gêne vis-à-vis de la vraisemblance de l’histoire proposée tant certains ressorts narratifs surprennent par leur précipitation. De la même manière, les premiers échanges entre nos amants à la sortie du backroom font, sur le papier, assez maniérés .


Mais, de part l’intention même des réalisateurs, il semblerait absurde de leur reprocher ces défauts. Après tout, c’est bien en partant de ce paradis artificiel qu’est le backroom qu’Hugo et Théo se découvrent et apprennent à s’aimer. L’artificialité devient alors un élément constitutif du film, un cadre dont les personnages essaient littéralement de sortir. Passés les premiers dialogues, le jeu des acteurs finit par prendre l’ascendant sur les dialogues, rendant naturel ce qui était au départ forcé.


Cette dualité entre la spontanéité et l’artificialité se retrouve bien entendu aussi dans la mise en scène, fortement stylisée, des deux réalisateurs. L'ouverture du film, caractérisée par le mutisme de ses personnages et sa lumière néon omniprésente, s’oppose alors au caractère bavard des deux amants pendant leur échappée et à une mise en scène plus urbaine, en traveling quasi-constant ou en caméra à l’épaule, dans les rues de Paris.


En définitive, il me semble que Théo&Hugo est un film profondément bancal au niveau de son écriture, maladroite et hâtive; il est néanmoins sauvé par la fraicheur qui s'en dégage, provenant en grande partie de l'alchimie du duo principal, mais aussi des bonnes intentions de réalisation qui tente d'aborder de nombreux sujets sans vraiment réussir à les incorporer dans le récit.

Bat-e-man
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le 1 juin 2016

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I Bat(e)man I

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