Théorème par Nicolas Montagne
En 1968, George A. Romero réalisait La Nuit des Morts-Vivants, film contestataire sur l'individualisme aux Etats-Unis. En 1968, Pier Paolo Pasolini réalise Théoreme, film contestataire sur l'individualisme partout dans le monde. Deux films complétement différents, avec pourtant le même thème. Ici néanmoins, le propos est sublimé par une réflexion philosophique sur la religion et les manifestations de la foi.
Entré dans une famille de prédateurs indomptables (a priori), Terence Stamp réagit à l'ambiance malsaine se dégageant dans toute la maisonnée et "convainc" le père, la mère, le fils, la fille et la bonne de sa bonne parole. De parole il ne prononce jamais, pourtant il fait en sorte que la foi se manifeste... par le sexe. L'acte sexuel est générateur de la foi et de la remise en question personnelle. Toute la poésie de Pasolini est là.
Entre le père qui devient un saint à poil, la mère une nymphomane finie, le fils un peintre maudit et la fille et la bonne des martyres accomplies, on assiste ici aux ravages de la foi selon Pasolini. Celui qui les a abandonné a changé leur vie et ils lui consacrent tous leur existence dénuée d'intérêt et de sens. Ou comment la foi peut rendre des individualistes encore plus individualistes selon Pasolini, fervent athée adorateur du scandale et des mauvaises moeurs, ce qui lui sera de toute évidence fatal.