Tintin au pays de l'or noir
Bien avant Dallas, son ranch southfork (notez un peu les références en béton armé !), les buildings, les cuites de sue Ellen et le complots à outrances, il y a eu les pionniers du pétrole. Ici, on suit Daniel Plenview, qui veut réussir sa vie en forant des puits de pétrole.
Le film est une fresque autour de la vie de Daniel, personnage fascinant et dégoutant, On peut dire que Daniel D Lewis a réussi à donner au personnage du relief.
Au début on espère avec lui qu'il va trouver l'or noir, les premières minutes du film sont presque muettes mais on se régale et on retient son souffle, voilà un film qui commence bien.
Assez vite, on retrouve un Daniel bonimenteur, marchand de foire, vantant à de pauvres paysans les trésors dont leur sol regorge sans doute. On commence à se dire que c'est pas un type si bien que ça, s'il est capable d'arnaquer les gens avec autant d'aplomb et de jolis sourires. C'est aussi l'occasion de se dire que déjà à l'époque, le monde des affaires c'était la jungle, et que le vainqueur est celui qui a les dents les plus longues et les mieux aiguisées. Ici l'arme ultime de notre héros, c'est son fils, ça lui permet de jouer la carte « entreprise famiiale », de gagner 20 000, et de ne pas passer par la case prison.
Presque pas hasard, vient l'homme providentiel : un jeune homme qui vient servir presque sur un plateau de nouvelles terres à forer. Son intervention donne à peu de choses près « hey mais chez moi y a plein d'pétrole, ça coule tout seul du sol, pourquoi ne viendriez-vous pas piquer une tête un de ses 4 ? »
C'est trop beau pour être vrai ? Même pas peur, Daniel part avec son fiston sous le bras pour gagner la terre promise. On sent que ça va être une arnaque, qu'il va y laisser sa chemise.
En fait l'arnaque est plus subtile que ce qu'on aurait cru : le pétrole, il y en a, pas facile à acheminer ensuite parce qu'on est un peu au fin fond du bout du monde, mais le vrai hic, c'est qu'il se trouve sur les terres d'une famille dont le fils, Eli, est le prophète de l'église de la troisième révélation.
Il devient vite le meilleur ennemi de Daniel, leur bras de fer et ce qui va rythmer la suite du film : ils se voient tous deux comme le principal concurrent de l'autre : ils jouent sur le même territoire, demandent tous les deux aux habitants de leur accorder une partie de leur temps, et surtout : de les croire.
Le film prend aussi le temps de compliquer les relations entre Daniel et son fils, de nous fâcher un peu plus avec le caractère vraiment imbuvable du héros, et on en vient à se demander si pour réussir dans les affaires on est vraiment obligé d'être aussi barbare ?
La dernière scène du film est ce qu'on peut appeler sans risque de trop se tromper une fin « coup de poing », surprenante mais au moins on est sûrs qu'on a complètement perdu toute trace empathie pour le héros.
Pour finir, je dirai que le film est beau, un peu long mais l'histoire nous tient en haleine, la musique est très bien, les acteurs sont juste, l'histoire est pleine de petits rebondissements, laisse la part belle à l'interprétation (notamment sur le rôle d'Eli et de son frère, sur la dernière phrase du film...)