Ce coup-ci, c’est promis, Waters arrête les tournées. Celle-ci est passée en 2023 par Bercy et j’ai eu la chance d’y assister. Le film de la tournée a été enregistré à Prague avec de gros moyens. Comme beaucoup de monde, on avait tous dans la tête l’idée que c’était probablement la dernière fois qu’on pouvait entendre les morceaux de Pink Floyd par un de ses créateurs, la tournée de Gilmour ayant évité la France en 2024 et ne semblant pas repointé le bout de sa guitare en 2025…Quelles que soient les dissensions (haines ?) entre les deux ex-Floyd, j’ai un profond respect pour les deux, me refusant à choisir, ce serait comme choisir entre McCartney et Lennon ! Il faut essayer ici de mettre de côté les tensions entre les deux pour juger ce spectacle, c’est très difficile, c’est vrai car elles restent omniprésentes : lorsque, durant ce spectacle, des vieilles photos de Pink Floyd apparaissent, Gilmour n’y figure jamais. Bon, pour le dire clairement, j’avais largement préféré la tournée The Wall (à la Défense Arena) et « Us and Them » la suivante (centrée sur « Animals »). Dans le Blu-Ray, le son comme l’image sont nickels. Ici, je ne crois pas que l’âge de Waters soit en cause, il n’a jamais été une immense bête de scène et joue ici plus de piano que de basse, OK. Pas plus le choix du répertoire qui mêle la plupart des classiques du Floyd à quelques titres de sa carrière solo. Il va même piocher dans « The Final Cut » comme 1er rappel en reprenant le rare « Two suns in the sunset ». La scénographie était très impressionnante avec une scène en forme de croix surmontée d’écrans géants, qui lui permettait suivant les morceaux, d’aller à une extrémité puis une autre, se rapprochant du public.

L’apparition finale du prisme de Dark Side traversant la salle grâce aux écrans géants et aux lasers était magistrale. Plus encore que la tournée précédente, c’est un spectacle éminemment politique que nous propose Waters ; quoi qu’on pense de ses idées, il les défend sans se cacher et reste un artiste engagé tous azimuts (libération de Julian Assange, en faveur des lanceurs d’alerte, des peuples amérindiens luttant contre l’industrie pétrolière…). Le gros problème est que tous les morceaux y compris ceux du Floyd, sont ici reliés à l’actualité la plus dramatique : « Two suns in the sunset » dénonce la prolifération des armes nucléaires pouvant conduire à une destruction planétaire. Des messages sont inscrits un peu partout, pratiquement tout le temps, sur les écrans géants, en forme de dénonciation, d’appel à la résistance, sur le cochon volant au-dessus du public pendant « In the Flesh » (« Volez aux pauvres. Donnez aux riches »). Et ce ne sont là que quelques exemples. C’est bien simple, je n’avais jamais autant LU durant un concert !!! Et à force d’être abreuvé de messages, la fatigue voire l’ennui finissent par faire leur apparition, je l’avoue. L’ambiance s’en ressent, celle sur « The Wall » était bien plus chaude. En privilégiant ces messages politiques systématiquement, même parfaitement sensés, Waters ne permet pas à l’imagination d’agir et de travailler à l’écoute d’une chanson. Même s’il y avait des moments touchants et qu’on sent un artiste sincère, quand il raconte la dérive rapide de son pote Syd Barrett par exemple, on est ressorti majoritairement avec une impression mitigée voire de lourdeur. Oui, la colère est parfois légitime mais pendant 2h20, ça fatigue. Oui, l’état du monde actuel incite à l’inquiétude, je suis parfaitement d’accord là-dessus et le rôle d’un artiste est aussi d’éclairer le public sur des inégalités et injustices. Mais attention à ne pas l’assommer car, après tout, un peu de légèreté ne peut pas faire de mal, hein Roger ?

JOE-ROBERTS
6
Écrit par

Créée

le 25 août 2025

Critique lue 6 fois

JOE-ROBERTS

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur This Is Not A Drill

This Is Not A Drill
JOE-ROBERTS
6

La tournée d’adieux de Waters

Ce coup-ci, c’est promis, Waters arrête les tournées. Celle-ci est passée en 2023 par Bercy et j’ai eu la chance d’y assister. Le film de la tournée a été enregistré à Prague avec de gros moyens...

le 25 août 2025

Du même critique

Partir un jour
JOE-ROBERTS
7

« Il ne suffit pas de quitter les choses pour que les choses vous quittent »

Ce court-métrage de 2021 est une belle surprise, César mérité du meilleur court en 2023. En 25 mn, il nous raconte l’histoire de Julien (Bastien Bouillon), jeune romancier à succès qui a fait sa vie...

le 16 mai 2025

5 j'aime

2

C'est le Zodiaque qui vous parle
JOE-ROBERTS
7

Une des affaires les plus mystérieuses du XXe s (et du XXIe s ???)

Parmi les grandes enquêtes criminelles non résolues, celle de Jack l’Eventreur à la fin du XIXe s, a marqué les mémoires jusqu’à aujourd’hui. Mais celle concernant le Zodiaque est aussi un véritable...

le 29 oct. 2024

5 j'aime

1