Un film à la fois très proche et très différent de son prédécesseur, et plus "anglais" malgré un changement de réalisateur. Le changement en question influe grandement sur son esthétique, un peu comme lorsque Alfonso Cuarón remplaça Chris Columbus sur Harry Potter : nous savons que nous sommes toujours dans la même saga, les acteurs sont les mêmes, mais l'ambiance et l'environnement ont beaucoup changé. Là, le style kitsch et pompeux voulu par Kenneth Branagh laisse place à une atmosphère beaucoup plus proche du médiéval fantastique, avec une Asgard plus vaste mais aussi beaucoup plus vivante ; si cette évolution se fait pour le meilleur - Alan Taylor, débarqué de la série Games of Thrones, n'a certainement pas été choisi au hasard - nous pouvons aussi reprocher aux producteurs de ne pas avoir assumer jusqu'au bout le premier long-métrage. Et en même temps, cela tend à prouver que même si nous sommes dans une grosse machine avec très peu d'âme, le réalisateur a encore quelques mots à dire.


J'ai lu une critique indiquant que Marvel Studios s'était désintéressé du projet en cours de route, préférant se concentrer sur les licences plus porteuses pour cette phase deux ; et en effet, malgré deux sympathiques caméos (dont celui d'usage), ce film se déroule loin des réalités super-héroïques, comme le souligne fort bien un personnage qui "n'arrive pas à joindre le SHIELD". D'ailleurs, aucune autorité d'aucune sorte ne semble porter attention à ce qui se déroule sous leurs yeux, même quand un entrepôt londonien nous joue un remake du segment Beyond de Animatrix. Toutefois, nous sentons que Avengers est passé par là, avec ses piques et sa façon de désamorcer certaines situations par des pirouettes ; paradoxalement, Loki redevient un personnage manipulateur et réellement dangereux, comme dans le premier Thor, à la différence de l'inoffensif pitre dépeint par Joss Whedon. Et c'est tant mieux.


Thor 2 a, dans le fond, les qualités et les défauts du précédent opus : il s'agit d'un produit plus lisse que la plupart des autres long-métrages de l'univers Marvel, avant tout divertissant, mais pas foncièrement mémorable. Cela passe très bien sur le moment, et se laisse revoir sans déplaisir, mais cela reste creux. Là où il se démarque malgré tout, c'est dans un combat final beaucoup plus rythmé, voire même original dans sa façon de bouleverser le champ de bataille.

Ninesisters

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