Résumé
Un bon film de guerre, malgré son ton parfois trop mesuré, qui s'intéresse à la préparation de celle-ci et qui approfondit utilement ses personnages.
Détails (et spoilers)
Bien que s'inscrivant dans la temporalité de la guerre du Viêtnam, pas une seule scène de Tigerland ne se tiendra en Asie du Sud-Est. De nombreuses productions l'ont déjà - plus ou moins bien - fait et l'angle choisi apporte donc une première touche d'originalité à un genre qui peut parfois en manquer.
Tout en reprenant certaines scènes assez classiques dans un film de guerre, le métrage parvient à développer des personnages avec une épaisseur narrative qui augmentent la sensibilité et affine la palette des personnalités présentes. Sans être un film anti militariste, Tigerland montre la brutalité de certains supérieurs hiérarchiques, mais aussi la haine raciste, homophobe (et anticommuniste) d'un soldat belliqueux qui finira par commettre une faute condamnable y compris par des militaires. Mieux, le fait que celui-ci soit finalement couvert de son délit par sa hiérarchie contribue à critiquer une institution prête à tout pour enrôler quelques soldats de plus. Surtout quand ceux-ci entretiennent une relation passionnelle avec la guerre et la mise à mort.
Le personnage du sergent Cota viendra toutefois nuancer ce portrait acerbe de l'armée américaine étant donné que celui-ci fera un peu office de voix de la raison - flegmatique et expérimenté - alors qu'il est tout de même prêt à continuer cette guerre et que personne n'ira le contredire, pas même l'irrévérencieux Bozz, quand le sergent fera son discours de "bon" soldat respectueux de l'ennemi.
Cela étant, ce personnage n'occupe pas une place si importante et l'ensemble du film demeure assez critique de la guerre et de certains militaires, pour ne pas dire de l'institution dans sa globalité. De plus, le contexte de préparation pré guerre permet de mettre en avant des scènes assez touchantes et démontrant l'incapacité pour certains soldats à subir une telle violence, physique ou symbolique, et qui bénéficieront donc de l'aide de Bozz, fin connaisseur du code militaire, pour se faire réformer et échapper à ce carnage.
Ainsi, le film délivre plusieurs propos intéressants et critiques, le rendant donc plutôt pertinent. Bien que tout cela soit à nuancer par les quelques passages plutôt valorisants envers certains soldats, montrant que le réalisateur à sans doute voulu pondérer son discours et parfois se contenter d'une critique, assez unanime à cette époque, de la guerre du Vietnam et des conditions d'enrôlement.
7/10.