On peut dire que Julia Ducorneau ne ménage pas son audience quand il s'agit d'attirer son attention. Titane c'est une longue phase d'exposition dans laquelle tout le talent de la réalisatrice s'exprime. De la sensualité depravée, des personnages marqués, une violence graphique inattendue, du plan séquence, une bande originale tonitruante, ...
Ce que la bande annonce de Titane raconte, c'est avant tout son esthétique, sa plastique irréprochable et son ambiance morbide.En revanche, ce que ne raconte pas la bande annonce, c'est sa thématique et son histoire qui s'ouvre de manière imprévisible.
Agathe Rousselle ouvre le bal. Elle est incroyable, sa transformation folle. On aura rarement vu un personnage torturé aussi bien interprètée. Pour un tel rôle, il fait faire preuve d'une grande abnégation, être prête à aller aussi loin que la fiction. Agathe Rousselle tiens son personnage de bout en bout.
Vincent Lindon quand à lui est tout aussi remarquable. Sa transformation physique est folle, à l'image d'un père perdu dans le néant d'un drame qui va alimenter un récit sans concessions qui va au bout de son sujet. C'est parfois extrême, mais toujours cohérent avec le propos.
Remarquez qu'ici les péripéties du long-métrage ne sont et ne seront jamais abordées. La force de l'ovni de Julia Ducorneau c'est l'inconnu dans lequel le spectateur est immergé. Certains n'en ressortiront pas indemne, d'autre sortirons carrément en cours de projection.
Aussi brillant soit-il, Titane n'arrive pas toujours à maintenir son rythme effréné. Notamment quand nous commençons à comprendre le raisonnement de l'oeuvre. C'est un court passage à vide avant un sublime climax, mais cela reste assez notable pour le souligner.
Titane c'est un film intense, immersif, tendu et éprouvant. Après Grave, Julia Ducoreau entraîne l'étonnante Agathe Rousselle et le formidable Vincent Lindon dans un tourbillon mémorable entre folie et amour.