Malgré mon destin d’artiste raté, je ne laisse pas la frustration me submerger. J’apprends encore, chaque jour.
Hier soir, en regardant Titanic pour la énième fois, j’ai compris quelque chose d’essentiel. Un élément fondamental de toute création artistique, un élément évident mais qui m’avait échappé.
Une œuvre d’art, quelle qu’elle soit, film, livre, musique, peinture...doit être un Organisme vivant.
Un corps vivant, respirant, où chaque cellule, chaque mouvement, chaque respiration participe à un ensemble cohérent. L’Organisme possède sa propre logique interne, sa propre biologie, son souffle. Il naît, croît, souffre, meurt.
Dans cet Organisme, rien n’est gratuit, rien n’est décoratif. Chaque détail, même minuscule, a une fonction, un rôle dans l’équilibre global. Comme dans un être vivant, si un organe faillit, c’est tout le corps qui vacille. Mais lorsque tout fonctionne, lorsque la circulation est fluide, lorsque le cœur bat à l’unisson avec l’esprit, alors l’œuvre atteint cette rare perfection qui nous bouleverse sans que nous sachions vraiment pourquoi.
Tout y respire, tout y circule. Les personnages, leurs destins, les symboles omniprésents. Le navire lui-même devient la représentation brute de la lutte des classes et de la hiérarchie sociale. L’histoire d’amour, transcendante, vient ébranler cet ordre établi. Le goût de l’aventure, la fougue de la jeunesse, la magnificence de l’humanité capable d’ériger un tel monstre d’acier… Tout s’entremêle, se répond, s’aime et se détruit, dans une harmonie tragique.
James Cameron a su insuffler la vie à chaque partie de sa création. Il connaît l’histoire de ce drame sur le bout des doigts et, alliée à sa maîtrise absolue de l’art cinématographique, cette connaissance lui permet de créer une œuvre d’une stabilité scénaristique presque parfaite.
Peu importe combien de fois on regarde Titanic, peu importe notre âge : 10, 20, 30 ans, l’effet reste le même.
L’Organisme est là, bien plus que du cinéma : il nous parle, nous apprend, nous fait philosopher, nous tient en respect.
Même connue par cœur, la romance entre Kate et Jack restera éternellement magnifique, et bouleversante. La scène du naufrage restera éternellement angoissante. La fin éternellement tragique.
Car une fois que cet Organisme arrête de nous parler, à l’instar d’un être humain qui nous a touchés, on se rend compte qu’il possède une âme.
Une âme qui vient se greffer dans notre esprit pour ne jamais être oubliée, comme un être cher qui part trop tôt.
Titanic est probablement le plus grand film de l’histoire du cinéma.