En 2013, la saga vidéo-ludique Tomb Raider était rebootée avec l’introduction d’un nouvel épisode présentant une Lara Croft jeune n’ayant encore rien d’une aventurière, ni d’une combattante hors-pair. Suite à un naufrage, elle se retrouve seule, abandonnée sur une île mystérieuse aux nombreux dangers mortels où des vestiges anciens côtoient des installations récentes et peuplée de mercenaires hostiles sans scrupule à éliminer toute âme qui pourrait y persister. Ce jeu cassait un peu la saga en mettant l’accent sur l’action et le survival effréné tout en offrant une forte dose d’aventure et de liberté. Mais surtout nous présentait une Lara innocente, subissant tout avant de réagir petit à petit et de se transformer en guerrière. Le jeu se finissait par un message de fin du genre :



A survivor is born.



Le film part sur cette base, ce qui est une très bonne idée en soi, car adapter un survival d’aventure faisant place à l’action est un exercice moins risqué que de jouer le blockbuster mystique partant dans tous les sens. Mais a-t-on le droit à un bon film ?


Clairement non. Parce que le film ne nous délivre pas ce qu’il a promis et est plombé par un scénario de merde…


Mais il faut souligner qu’Alicia Vikander incarne une magnifique Lara Croft. Elle est belle, elle a l’air forte et elle ne tombe pas une seule seconde dans le sexy racoleur. Le hic, c’est qu’on nous la présente directement comme faisant preuve d’une énorme pugnacité. Certes, on la met dans des situations où le résultat fait qu’elle ne l’emporte pas, mais elle est déjà « héroïque » dans son attitude. Refusant de toucher l’argent de son héritage, faisant preuve d’hardiesse et d’ingéniosité en permanence, refusant de jeter l'éponge sur le ring, Lara s’impose directement comme quelqu’un qui en a. Le film aurait certainement gagné beaucoup en nous la faisant débuter comme quelqu’un de fragile et de bénéficiant de certaines facilités pour la mettre subitement en difficulté et de présenter une évolution marquée au fil du récit dans sa personnalité...


Le scénario n’aide pas Lara non plus. Obnubilée par un amour paternel dont elle n’arrive pas à se détacher, la catastrophe s’annonce quand…


on retrouve tranquillement son père, posé, sur l’île vivant dans sa grotte sans que les méchants (il n’y a pas d’autres termes pour désigner cette bande de branquignoles) ne soit au courant qu’il est encore en vie (pourtant cela signifie qu’ils n’ont donc jamais retrouvé de corps)… Celui-ci nous ressert un amour paternel risible et redondant avec la tonne de flashbacks inutiles à ce sujet déjà encaissés. Qu’elle l’aurait vu dans son sommeil ou dans une silhouette au loin sur l’île faisant planer le doute, ok, mais là, c’est juste con. Parce qu’en plus, ça enlève le côté ‘Lara est seule pour affronter l’adversité et ne peut se reposer sur personne’. C’était ça aussi le succès du reboot. C’était une Lara désespérément seule. Ici, on lui sert son père pendant toute la partie mystère/aventure du film et on lui refile Lu Ren, le mec qui l’a amené jusqu’à l’île pendant toute la partie action. En gros, au final, Lara se battait seule dans la vraie vie et est devenu une assistée dans son aventure (je schématise, bien entendu, mais…) !


Si certaines scènes nous plongent directement dans l’univers vidéo-ludique comme celle de la carcasse d’avion (sans conteste la plus réussie) ou les armes dont elle se sert comme l’arc-à-flèches ou le piolet tout droit sortis du jeu ; d’une manière générale aucune scène n’est vraiment marquante. La chasse au renard dans Londres au début du film était sympa mais n’a absolument aucun rapport avec l'univers Tomb Raider en fait…


Le reste est assez catastrophique.



Some men like dangerous women. – Some men are foolish.



Entre les dialogues pourris, les personnages secondaires dont on ne peut pas dire qu’ils servent à grand-chose pour développer le personnage de Lara et faire dérouler le script. Le méchant n’a aucune dimension si ce n’est d’être méchant et pourtant on nous tease un historique du personnage avec le père dont on ne verra rien (et pourtant le film n’est pas avare en flashback ne servant à rien si ce n’est à répéter ce qui a déjà été dit). Lu Ren, le personnage amenant Lara jusqu’à l’île et son partenaire d’escapade, n’apporte pas grand-chose. Leur relation ne se développe pas vraiment et ils semblent tous les deux agir à l’instinct plus qu’en réfléchissant et planifiant quoi que ce soit…. L’aventure n’a rien de grandiose et même le cadre de l’île qui a pourtant l’air immense est vitre restreint à trois vues. Celle-ci semblait pleine de danger à son arrivée et notamment par son accostage à coup de broyage de navires, pour qu’ensuite le temps soit clément et que cette dernière ne recèle aucun danger si ce n’est la présence de l’organisation sur place cherchant le terrible secret de la malédiction…


Je trouve ça pas mal qu’il y ait une explication rationnelle à la malédiction, bien qu’un virus sans hôte où se loger devrait être mort depuis belle lurette et pas si virulent.


Mais finalement ce mystère n’aboutit à aucune scène où la tension monte véritablement. Pourtant la traversée du tombeau avec toutes les servantes s’étant suicidées pour la suivre dans la mort aurait pu aboutir à une épreuve terrible avec un jeu de sons et de lumières faisant croire que celles-ci reviennent à la vie pour protéger leur maitresse ou quelque chose de la sorte… Mais non. Tout cela est un peu plat. Les gunfights ne sont également pas très réussies avec toujours la problématique des méchants qui ne savent plus viser dès qu’ils tirent sur des personnages importants et les combats ne font pas ressentir la douleur des coups portés. Une fois de plus, Lara semblait en baver plus sur le ring dans la vraie vie que sur son île...


Bref, un film que l’on voit fait avec les bonnes intentions et qui avait le potentiel de mener la saga dans un renouveau nécessaire. Mais malheureusement le manque de talent et d’ambition font de ce film, un nouvel épisode de série B plutôt qu’un blockbuster nerveux et bien foutu… Pas grand-chose à regarder, à réserver pour les fans de la mascotte d’Eidos !

MathiasBaum
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le 19 mars 2018

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