Hum cet épisode ci est un cran en dessous de tous les précédents mais ça reste tout de même un film de qualité.


Je pense que ça y est désormais on aura droit à notre petite séquence de rêve à chaque démarrage, celle-ci était une nouvelle fois très plaisante, parodique et itératif avec ce Torajiro qui est une version romantique de son propre soi : photographie sépia pour la scène d'intérieur + ambiance de studio à l'extérieur sur un port avec réverbères et brouillard, encore une fois c'est bien charmant avec un cachet visuel très marqué.


Yoji Yamada est amateur de musique classique puisque on a droit une fois de plus à l'utilisation du concerto d'un grand artiste lors du voyage de Torajiro (après s'être disputé avec tout le monde) parti dans la foulée rendre ses hommages à un ami de route mort il y a peu, ici L'automne de Vivaldi et ça tombe bien puisque on est plein dans la période avec des roseaux qui ondulent sous une légère brise et de jolis plaqueminiers (il y en a partout!) bien mures.


L'originalité, même si ce n'est pas trop réussi pour moi à cause du professeur Okakura (interprété par Masakane Yonekura) au jeu outrancier, personnage miroir à celui de Torajiro puisque il tombera amoureux de l'ami d'enfance de ce dernier, la jolie Chiyo interprétée par Kaoru Yachigusa.
Notre colporteur jouera les entremetteurs malgré lui et n'aura jamais été aussi proche de sa quête absolu, mais quel abruti bordel...


Le reste est toujours merveilleux avec ces dialogues savoureux de spontanéité et de naturelle, il y en a la pelle de situations où les acteurs semblent s'être mêlées entièrement à l'accoutumance de leur quotidien, je crois qu'à ce stade il n'est plus utile de mentionner les noms des acteurs/actrices puisqu'ils sont cette famille. Certains gestes sont instinctifs comme avec ce gosse qui n'arrête pas de grandir d'un film à l'autre, depuis il sait marcher et se permet de passer en plein milieu d'une conversation, c'est complètement naturel, il fait partie lui aussi de ce quotidien.


Les conversations (là où Yoji Yamada excelle comme toujours) sont vivantes et débordantes, deux exemples :
-Sakura au premier plan et les autres membres qui rigolent lors d'un repas familiale, caméra à hauteur poitrine dans la direction de la conversation, Torajiro indique que quelqu'un est arrivé de l'autre côté. Contre champ derrière le dos de la personne le plus opposée à la scène, le professeur est là dans la fond du cadre et Sakura au milieu des autres qui ne peut s'empêcher de pouffer de rire à sa venue, sa tante lui mettra une tape sur l'épaule pour qu'elle se contienne.
-Une hilarante conversion au téléphone où l'oncle essaye de vendre son neveu à une potentielle prétendante, pour ça il sera obligé de mentir et demandera l'aide de toute la famille pour établir le profil de Torajiro. Tout se passe en une seule prise, la famille se positionne juste à l'arrière du cadre, derrière l'oncle au téléphone et celui-ci se retournera pour leur demander conseil sur quoi répondre aux questions concernant Tora. Voir la famille se concerter à l'arrière de façon aussi soucieuse et spontanée c'est juste génial à voir.


Ce sont deux scènes parmi tant d'autres qui illustres tout le génie et l'aisance dont fait preuve Yoji Yamada pour faire vivre cette famille par les dialogues, par de l'anodin, de l'habitude, du machinal, c'est juste remarquable.


Bref c'est pas le meilleur mais ça reste un grand cru.

HuangFeihong
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le 17 déc. 2021

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HuangFeihong

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