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Tout de suite maintenant cherche la vivacité de son titre — et la perd en route. Dès les premières images, la caméra s’installe dans un univers d’entreprise froid, saturé de reflets et de gris métalliques. Les bureaux — trop nets, trop propres — avalent la présence humaine. On entend le bourdonnement du néon, le cliquetis des claviers, les portes vitrées qui se referment sans écho. Le film respire à peine ; il flotte dans une lumière blafarde, figée, où tout semble calculé, verrouillé, aseptisé. Pascal Bonitzer orchestre son drame comme un exercice de style : précis, mais distant. La mise-en-scène — volontairement statique — installe un théâtre de mots plus qu’un monde vivant. On sent l’intelligence du scénario, son goût pour le dialogue sec, pour la ruse sociale, mais la matière humaine se dissout sous la logique. Le montage, régulier, sans heurt, gomme toute pulsation. Ce qui devait être tension devient politesse. Agathe Bonitzer, diaphane, joue Nora comme une équation : elle calcule, avance, s’éteint. Vincent Lacoste tente l’ironie, mais son énergie se heurte à la raideur ambiante. Isabelle Huppert, magnétique un instant, disparaît trop tôt — et Jean-Pierre Bacri, usé, semble jouer une variation fatiguée de lui-même. Le son, pourtant finement mixé, n’évoque que le vide : souffle de climatisation, bruissement des papiers, murmures sans relief. On devine le propos — critique du cynisme, des héritages et du pouvoir —, mais tout paraît théorique, intellectuel, sans chair. Le film pense au lieu de vibrer. Les émotions restent suspendues, comme gelées dans un espace de verre. Oui, c’est élégant. Oui, c’est construit. Mais cette élégance devient distance, ce contrôle devient inertie. Rien ne brûle, rien ne tremble. Le cinéma, ici, s’observe lui-même — sans se risquer à sentir. Ma note : 7 / 20
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