Dans l’Italie de 1973, un adolescent est enlevé par la pègre calabraise, qui exige 17 millions de dollars pour sa libération à son grand père, John Paul Getty, magnat américain et homme le plus riche du monde. Tiré de l’histoire vraie et surréaliste du paiement de cette rançon, ce thriller nous accroche dans sa progression, ses sentiments et révèle le comble de la cupidité d’un puissant seigneur du pétrole pourtant collectionneur d’œuvres d’art. Incapable de payer, la mère de l’ado, en conflit judiciaire avec le patriarche, doit passer par les stratégies perverses et tortueuses que comprend l’abominable pingre pour le convaincre de payer. Pendant que son fils subit au fil des mois enfermement, torture et mutilation, son dégoût pour le vieux souverain est d’autant plus révélé par la complicité inattendue avec le chef de la sécurité de l’infâme beau-père, et même avec celle relative d’un des kidnappeurs doué d’un certain honneur.
Cette haletante course contre les nerfs vomit un monde de charognards où se valent journalistes, pègre italienne et terrorisme communiste d’antan, mais nous livre essentiellement un thriller à l’attachante, tendre et effroyable étude des personnages révélés dans l’épreuve, et un paroxysme du marchandage familial. Un bravo particulier à Romain Duris, excellent en voyou crasseux, ambivalent et ténébreux, et surtout à un épatant Christopher Plummer en infect vieillard omnipotent, qui à 88 ans m’avait déjà renversé dans Remember. Cette aventure nous plonge et nous captive dans le suspense, la progression de l’enquête, les insupportables progrès au compte-goutte, l’élaboration des complicités progressives, et surtout la révélation d’une inhumanité pour et par l’argent.