Porte étendard de la contre-culture et du cinéma indépendant, la Troma Entertainment doit sa réputation et sa longévité à son excité de producteur Lloyd Kaufman qui après avoir végété pendant 10 ans avec son ami et collaborateur Micheal Herz finira par acquérir une reconnaissance auprès du grand public à défaut d’une respectabilité auquel il a toujours adresser un doigt d’honneur en raison de son aversion pour le politiquement correct et le lobbying typiquement américain. L’histoire est celle de Melvin Junko, un idiot qui ne sait pas faire autre chose que de passer la serpillière dans les vestiaires de la piscine municipale. Son physique de gringalet fait de lui la tête de turc d’une bande de punks dont le passe-temps favoris consiste à écraser des enfants en voiture. Victime d’une embuscade visant à l’humilier publiquement, Melvin se défenestre avant de finir la tête la première dans un fût de déchets radioactifs. De zéro en héros il va changer de peau, et à défaut d’un cancer, ce dernier va développer des tuméfactions sur le visage et sur le corps ainsi qu’une force herculéenne faisant de lui un monstre féroce. Comme le veut les traditionnelles conventions du genre, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, celle de laver son honneur ainsi que les rues de toutes formes de criminalité, au grand désarroi du maire corrompu de Tromaville.


Vous l’aurez deviné, Lloyd Kaufman ne fait pas vraiment dans la subtilité, c’est plutôt l’esprit harakiri de sale gosse mal embouché qui anime ses péripéties. Toxic Avenger est une petite série B ; environ 500 000 $ de budget ; tourné à grand renforts d’effets gore, où les idées de mise à mort ne manque absolument pas d’originalité (écrasement, démembrement, énucléations, trépanations), mais également ponctué de grosses scènes d’actions (cascades automobiles et explosion) ainsi que de grosses bastons plutôt bien chorégraphiés. Les effets spéciaux sont signés Jennifer Aspinall à qui l’on doit les fantastiques déformations et explosions de clodos du génialissime Street Trash de Jim Muro. C’est généreusement ordurier, l’humour abonde d’ailleurs en ce sens, c’est sale bête et méchant et assez représentatif de ce que son producteur peut produire de meilleur. Dans cette ville où ne règle que la prédation, où les handicapés et les personnes âgés sont constamment opprimés, Toxie va redistribuer la justice à coup de poing et de mop dans la gueule mais également trouver la femme de sa vie, parce que ce n’est pas l’amour qui rend aveugle mais plutôt une aveugle qui va tomber amoureuse de lui.


Ce n’est pas anodin si Melvin est devenu un être toxique mise au ban de la communauté tant son réalisateur affectionne les marginaux et les victimes de la société de consommation qu’il aime égratigner dans chacune de ses productions. Il passe ainsi en revue certains lieux communs que fréquente l’américain moyen (Fast-Food, club de gym), et traite du rapport conformiste qu’entretienne ses protagonistes y compris Toxie qui n’aspire finalement qu’à s’intégrer, se marier et à fonder une famille comme on le verra plus tard dans la saga. Mine de rien le film anticipe d’au moins 20 ans la déferlante de super héros qui envahira nos écrans, à ce titre il est d’ailleurs amusant de constater que son succès aura permis d’engendrer tout une série de comic books édité par Marvel ainsi que plusieurs suites autour de son héros légendaire qui deviendra l’emblème publicitaire de la firme ainsi que la pierre angulaire d’un style outrancier, qui amuse autant qu’il exaspère.

Le-Roy-du-Bis
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le 27 avr. 2023

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