Toy Story 3
7.5
Toy Story 3

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich (2010)

Le temps qui passe nous indiffère.

Je crois que Pixar n’avait connu pire préproduction jusqu’à maintenant, en 2005, les studios Disney annoncent le développement et la production de Toy Story 3, suite de la saga Toy Story, par sa filiale Circle 7 Animation avec une sortie prévue pour début 2008. Cette annonce intervient alors que Pixar veut revoir les termes du contrat. En effet Pixar était responsable de la création et de la production, tandis que Disney gérait le marketing et la distribution. Les profits et les coûts de production étaient répartis à 50-50, mais Disney avait la possession exclusive de l'histoire et des droits de suite ainsi que les droits de distribution. Disney refuse naturellement. Comme les deux campent sur leurs positions, la production a été officiellement stoppée en janvier 2006. Finalement Disney propose le 24 janvier 2006 de racheter Pixar, et de fermer le studio Circle 7 (studio qui avait pour seul but de faire des suites aux films Pixar sans l’aval de ces derniers), l’accord sera signé au mois de mai. Entre temps, Pixar reprend la production de Toy Story 3 et c'est finalement Lee Unkrich qui est choisi pour réaliser le film.


Bien que ce ne soit pas un des noms les plus prestigieux des studios Pixar, Lee Unkrich avait pour habitude de toujours être dans l’ombre mais en même temps gravit les échelons petit à petit, en effet il est d’abord monteur sur Toy Story (1995), puis sur 1001 Pattes (1998). Ensuite il devient coréalisateur et monteur sur Toy Story 2 (1999), il co-réalise à nouveau sur Monstres & Cie (2001) avec Pete Docter. Deux ans plus tard, il (re)co-réalise avec Andrew Stanton, Le Monde de Nemo (2003). Le voici alors lancé dans le grand bain, et pas sur n’importe quel film, le film qui est censé clore en apothéose les aventures de Woody & Cie. Il sait qu’il a la pression puisqu’il déclara ne pas vouloir être le premier « raté » de Pixar. Ainsi il veut que son troisième opus soit dans le veine de la trilogie du Seigneur des Anneaux et a comme secrète ambition de faire mieux que ses prédécesseurs…


Lorsque j’ai lancé le film, je n’avais aucune crainte vis-à-vis de ce film, bien que je ne l’ai vu que deux fois en sept ans, je me souvenais pratiquement de toutes les scènes. Revoir la scène d’ouverture m’a donné des frissons, dû notamment à la qualité de l’image irréprochable, ainsi qu’à la musique si atypique de Randy Newman que l’on identifie tout de suite à la saga. Le niveau de détail des jouets m’a littéralement coupé le souffle, tout est d’une fluidité encore jamais vu pour l’époque. Le rendu des mouvements rend tellement bien


(par exemple la scène où Woody recule en faisant des saltos arrières pour éviter une Mme Patate enragé)


, c’en est bluffant de réalisme. Dès l’introduction j’ai su que ça allait être une pépite. Ce film regorge d’idées merveilleuses, la première est de faire de l’imaginaire d’Andy une réalité (cela fait bien sûr référence à la scène d’ouverture du premier opus où on le voit jouer avec ses jouets en les faisant parler). Cette scène permet à elle seule de nous montrer les avancées technologiques qu’il y a eu dans l’animation et de commencer on ne peut mieux le film. Tous les jouets sont excellement bien utilisés dans cette scène d’ouverture, ils sont tous badass et tellement classe. Pour ce troisième opus, les studios ont voulu innover en faisant avancer le temps de manière chronologique de sorte à ce qu’on trouve Andy, âgé de 17 ans, rentrant à l’Université à la rentrée, et donc ne jouant plus à ces jouets. Cela est une excellente idée étant donné le fait que ce troisième opus est sorti 11 ans après le second, du coup les enfants qui ont grandi avec ces films (j’en fais parti) se retrouvent à peu près à avoir le même âge qu’Andy. Cette histoire est menée d’une main de maître par Lee Unkrich, mêlant à la fois le genre humoristique, l’aventure, l’épique et un brin de romance. On retrouve nos héros en grande forme malgré les années qui ont passé, ça peut-être considéré à la fois comme une incohérence puisque une dizaine d’années s’est écoulé depuis le second opus mais en même temps, les autres films nous montrent bien à quel point Andy tient à ses jouets, donc on peut penser qu’il en a pris soin. En plus dans le film, c’est montré à quel point il y tient, lorsqu’il veut les monter au grenier alors que sa mère veut les jeter. J’ai donc retrouvé mes jouets préférés plus en forme que jamais, visuellement (d’une rare fluidité) et même leurs dialogues sont à chaque fois terriblement efficaces. Ensuite vous l’aurez compris, ils arrivent « par erreur » à la garderie Sunnyside, où Woody est pour rentrer rejoindre Andy alors que les autres sont pour restés comme Andy ne joue plus avec eux depuis quelques années. Ces scènes de dispute sont par ailleurs riches de dialogues savoureux et hilarants, notamment avec les interventions de M.Patate et Bayonne (trop rare ?). Cet épisode voit aussi l’apparition de nouveaux jouets, tout d’abord il y a Ken (qui paradoxalement apporte une certaine féminité au groupe), ainsi que la pétillante Barbie. La sous-intrigue de leur romance est assez marrante à suivre. Et puis il y a la bande qui « règne » à Sunnyside : Lotso (


si on m’avait dit qu’un ours en peluche rose serait l’antagoniste d’un Toy Story je n’y aurais jamais cru !


), Twitch, Chunk sans oublier les jouets de Bonnie que j’aime beaucoup de par leur design et leur caractère : Rictus le clown (mon préféré <3), Labrosse la licorne mâle, M.Labrosse et son âme d’acteur, Trixie (dinosaure femelle geek que j’adore, la scène où elle est sur l’ordi et qu’elle quitte en précipitation sa messagerie m’a beaucoup fait rire !), Dolly la poupée de chiffon et… Totoro (hommage très sympa et mignon envers le studio Ghibli et Miyazaki, comme dans le film il ne prononce pas une parole !). Pour en revenir à Sunnyside, je trouve cet endroit vraiment bien pensé, très coloré, avec des couleurs assez chaudes, mais passés la nuit on voit que pour les jouets cet endroit s’apparente à une véritable prison. La garderie pleine d’enfants permet aussi au studio de montrer à quel point ils se sont améliorés dans la conception des humains (chose que l’on avait déjà pu voir avec Andy au début).


Je vais m’attarder un peu plus sur Lotso, après tout c’est l’antagoniste principal du film, il fait clairement parti des meilleurs antagonistes Pixar pour moi, tant par son design atypique que par les motivations qui l’animent, le tout est renforcé par l’excellent flash-back qui nous montre comment il a changé suite à « l’abandon » de Daisy et l’endoctrinement de Big Baby et celui raté de Rictus. Bien sûr il reprend des éléments de Papy Pépite et de Buzz (lorsqu’il croyait être unique), mais il n’en demeure pas moins crédible à mes yeux. On peut voir jusqu’où va sa détermination (scène de l’incinérateur), il ne recule vraiment devant rien, puisque malgré le fait que Woody lui sauve la vie, il les abandonne lâchement à leur sort. Je trouve la scène très riche en symbolique puisque le bouton rouge qui arrêterait leur descente vers l’incinérateur constitue pour Lotso un dilemme : soit il redevient gentil et les sauve soit il reste méchant et sa fin est toute tracée. La seule chose que je regrette avec ce personnage c’est que lui ne tombe pas dans l’incinérateur (j’imagine déjà la scène en slow-motion, tombant droit dans les flammes en repensant à son passé), pour le coup je trouve que sa fin ressemble trop à celle de Papy pépite (qui finit accrocher sur le sac d’une petite fille, ici il finit sur le devant d’un camion-poubelle, c’est sûr que ce n’est pas très agréable, mais franchement il aurait pu avoir pire). Un autre trait original du film dans l’histoire concerne le traitement du personnage de Buzz


qui passe du côté obscur


, j’ai vraiment apprécié l’idée surtout qu’elle apporte un peu de fraicheur à la saga mais aussi une dose de suspense distillé de très bonne manière puisqu’on se demande quand


il va repasser vers la lumière.


Le revoir se comporter comme un vrai Ranger apporte aussi une vrai touche d’humour au film, tout comme son « mode espagnol » (assez hilarant !), il vole littéralement la vedette à M.Patate et Bayonne, chose loin d’être facile. L’évasion de Sunnyside est épique et passionnante à suivre, chaque personnage a son rôle a joué dans le plan, tout est réglé comme du papier millimètre, mais mention spéciale à M.Patate et Woody tout de même.


Les personnages du film sont donc une des principales forces du film et permet aux spectateurs d’avoir des personnages riches en couleurs (au sens propre comme figuré).


Une chose qui m‘a aussi beaucoup plus est l’introduction du personnage de Bonnie, il y a un véritable effort qui est fait pour qu’on s’attache à elle le plus tôt possible, en nous présentant ces jouets, sa chambre et on découvre aussi sa personnalité qui ressemble beaucoup à celle d’Andy dans les deux premiers opus. Tout ceci ne relève pas du hasard mais a pour seul but de nous émerveiller devant la beauté de la dernière scène du film. Bref un véritable coup de maître !


Après les personnages, je me dois de parler des dialogues, je ne sais pas s’ils sont aussi bien en VO mais force est de constater que la VF et ses dialogues sont de très très belle facture tellement ces derniers sont intéressants et terriblement savoureux (comme chaque Toy Story j’ai envie de dire). Mais là je l’ai encore plus ressenti de par les jeux de mots, les blagues ou tout simplement le timbre de voix qui correspond parfaitement au personnage. Je ne citerai que Jean-Christophe Puymartin et Richard Darbois qui livre (une nouvelle fois) des performances XXL, les autres ne sont pas en reste non plus d’ailleurs (Magimel fait un très bon Ken !), ils sont dans la lignée de leur travail des précédents épisodes. C’est ce qu’on appelle un doublage irréprochable à tout point de vue. Je ne l’ai pas vu en VO mais je suis sûr que je préférerais la VF à la VO ! L’écriture de l’histoire et du scénario est juste excellentissime et menée d’une main de maître du premier plan jusqu’au dernier.


Que pensez aussi de la photographie, qui est juste superbe et qui retranscrit aussi de manière très fidèle les décors comme la garderie ou les rues américaines. Ce film est rempli de plan tous plus majestueux les uns que les autres, le plan où Woody remonte son lasso dans la scène d’ouverture en marchant vers M.Patate respire la classe à plein nez, la découverte de la garderie est aussi très agréable pour ma rétine et j’en oublie plein d’autres. Le travail sur la lumière et les décors est juste excellent, donc un grand bravo à Jeremy Lasky et Kim White pour avoir réussi à m’émerveiller à chaque plan.


J’ai apprécié aussi les risques pris par les scénaristes comme le fait de


voir Buzz changer de camp (pendant plus de la moitié du film quand même !), je trouve ça inattendu et plutôt osé mais bien pensé puisque ça rajoute de la tension au film, les autres ne l’abandonneront pas à son sort donc ils doivent à la fois s’évader et le sauver !


De plus la romance instaurée avec Jessie apporte une fraîcheur dans la relation des deux personnages. Autre surprise, le fait de voir mes trois petits bonhommes verts libérés les autres d’une mort certaine grâce à une grue vêtue d’un … grappin, finalement ce sont peut-être plus que de simple comic-relief…


Je suis obligé de consacrer un paragraphe spécial à la fin, que dire si ce n’est qu’elle est magnifique et dirigée d’une main d’orfèvre tant au niveau visuel que du scénario. Je pense aussi qu’il s’agit d’une des meilleures fins jamais réalisés pour une saga. On passe par toutes les émotions : la peur, le soulagement, la tristesse et la nostalgie pour finir avec de la satisfaction. La peur tout d’abord de voir nos héros disparaître à jamais, la scène où ils se tiennent tous la main pour montrer à quel point ils restent soudés même dans la pire des situations, j’ai vraiment trouvé cette scène intense émotionnellement et riche en symbolique puisque finalement elle résume plutôt bien les liens qui unissent nos jouets préférés. Le soulagement ensuite de voir les petits aliens verts en véritable sauveur (je n’ai jamais été aussi content de les voir !). La tristesse ensuite quand Andy donne ses jouets à Bonnie et qui joue une dernière fois avec tout en lui demandant d’en prendre soin. Je trouve cette scène vraiment réaliste personnellement, et ce qui accentue encore plus ce sentiment c’est le fait qu’Andy soit dans un premier temps assez récalcitrant à donner son cow-boy préféré : Woody à quelqu’un qu’il ne connait pas. Finalement, il se dit que la bande a toujours été ensemble et accepte de donner Woody à Bonnie. Le plan où Andy met Woody sur ses épaules est très touchant et me procure un sentiment de nostalgie en me disant que ça y est c’est la dernière fois qu’Andy jouent avec eux, ce sentiment sera renforcé notamment lorsque Woody et Buzz, qui se font une accolade, regarde Andy partir au loin mener sa nouvelle vie. Bref une fin parfaite pour un film parfait.


La musique de Monsieur Randy Newman sonne toujours aussi bien à mes oreilles, que ce soit « Cowboy ! » qui accompagne de manière énergique la scène d’ouverture. On a aussi le « Going Home » quand nos héros sont de retour à la maison qui mêle le fait que les jouets soient de retour « victorieux » mais qui comporte aussi beaucoup de nostalgie. Mais ma préférence va au dernier titre « So Long », qui est parfaite pour la scène finale et qui me fait monter les larmes aux yeux.


Suit alors une sorte d’épilogue durant le générique, qui est juste parfait pour moi à tous point de vue que ce soit dans la relation des personnages ou dans la nouvelle situation à Sunnyside.


Inutile de dire que le film fut acclamé par la critique et les spectateurs, il devient même le premier film d’animation à passer le cap symbolique du milliard de dollars de recette, je crois qu’on ne pouvait pas rêver d’un meilleur film pour cet honneur qui fait rentrer les Studios Pixar un peu plus dans l’histoire du cinéma. De plus il sera nominé pour pas moins de 5 Oscars dont « Meilleur Film » et « Meilleur film d’animation », il échoue dans la première catégorie mais remporte le second haut la main pour la quatrième fois d’affilée !


La boucle est bouclée notamment avec le clin d’œil subtil à Sid qui fait un caméo en tant qu’éboueur (voilà ce qui arrive quand on maltraite les jouets !) et au dernier plan très intelligent qui se termine sur le ciel nuageux clin d’œil au plan d’ouverture du premier opus).


Ainsi s’achève la plus grande trilogie de l’histoire de l’animation, sous une pluie d'applaudissements.

Oromis
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Pixar : Le Studio à la Lampe, Ma Collection de Blu-Ray, Mes Films vus en 2017 !!, Les meilleurs films d'animation Pixar et Le Saviez-Vous ?? (Version Pixar)

Créée

le 22 oct. 2017

Critique lue 704 fois

17 j'aime

6 commentaires

Oromis

Écrit par

Critique lue 704 fois

17
6

D'autres avis sur Toy Story 3

Toy Story 3
Aurea
8

Et ils ont une âme !

Je n'avais pas vu les précédents, mais là je dois dire que j'ai positivement adoré ce nouveau Pixar, époustouflant de créativité, bourré de trouvailles et d'humour : on s'émerveille, on rit, on...

le 5 déc. 2011

86 j'aime

14

Toy Story 3
Sergent_Pepper
8

Ex toys

Plus de dix ans séparent Toy Story 3 de son prédécesseur, durant lesquels le film d’animation est devenu la norme du divertissement grand public, épaulé par l’essor toujours grandissant du jeu vidéo...

le 12 juil. 2015

68 j'aime

7

Toy Story 3
TueReves
9

Un succès scientifique?

Thèse soutenue : Enfance réapparue découlant du souvenir émotionnel à la vue d'une animation. Sujet : TueReves, homme, 17 ans, (nous nous posons la question quant à la sortie de son enfance ;...

le 16 mai 2012

59 j'aime

14

Du même critique

Ratatouille
Oromis
10

Pixar se met à table !!

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’idée du projet de Ratatouille n’a pas émergé de la tête de Brad Bird, mais vient de Jan Pinkava. Même si son nom ne vous dit rien, ce n’est pas un...

le 22 juin 2017

42 j'aime

29

Les Indestructibles
Oromis
10

Une Famille Formidable.

Les Indestructibles, sixième long -métrage des Studios Pixar, est le premier des Studios Pixar à mettre en scène des humains et plus particulièrement : des super-héros. Ce film doit beaucoup à Brad...

le 3 mars 2017

33 j'aime

4

Là-haut
Oromis
10

Pixar est Là-Haut.

Dixième film pour le studio, le droit à l’erreur est interdit pour les studios Pixar. Et pourtant ces derniers se lancent un drôle de défi : réaliser un film où le protagoniste est âge de 78 ans...

le 6 sept. 2017

27 j'aime

6