Le film adapte dans les grandes lignes l'histoire vraie d'Eric Erickson. Un industriel suédois qui gagna des millions en négociant du pétrole avec l'Allemagne nazie. Jusqu'à ce que les Alliés le forcent à devenir un espion à leur solde.
"The Counterfeit Traitor" est donc un récit d'espionnage situé en pleine Seconde Guerre Mondiale, qui s'avère assez vite bien construit et intéressant à suivre. Car la mise en place est machiavélique, autour d'un protagoniste nuancé qui n'a rien d'un chevalier blanc. Eric Erickson (charismatique William Holden) est un homme d'affaire diplomate qui ne s'embarrasse pas avec la politique, et qui est au départ habilement contraint à espionner, voire à s'aliéner ses proches. Mais l'on verra au fur et à mesure qu'il adhère moralement à la lutte anti-nazie.
Le long-métrage évoque à ce niveau de nombreux aspects du régime nazi, plus ou moins directement. Sont mentionnés ou évoqués les camps de concentration, les méthodes de la Gestapo, la culture de la délation, ou l'oppression envers les juifs. Toutefois sans verser dans le manichéisme total.
Les méthodes filoutes des services secrets alliés ou nazis se valent. Plusieurs personnages secondaires allemands sont nuancés, et il y a même dans l'acte finale l'évocation d'une touche d'humanisme ! Dont au passage une petite prestation de Klaus Kinski, alors inconnu.
Je regrette que la mise en scène s'avère relativement simple, oserais-je dire plate par moment. Dont cette utilisation régulière de voix-off qui tient de la vraie paresse (volonté de garder une durée raisonnable ?). Mais ce récit d'espionnage reste prenant de bout en bout. L'immersion y est aussi pour quelque chose : l'ensemble a réellement été tourné en Europe du Nord, dans des décors réels de villes mentionnées.
Un solide film d'espionnage.