Dans le sillon des succès des premiers James Bond, l’Europe a également eu ses espions en mission dans des lieux paradisiaques avec courses poursuites, bagarres, méchants mégalos et jolies demoiselles à séduire. Si on parle souvent de l’Italie voire de l’Allemagne quand il s’agit d’évoquer ce qu’on appelle « l’Eurospy », la France n’a pas non plus ménagé ses efforts pour produire des séries B surfant sur les succès bondiens. S’il ne décrocha pas le rôle d’OSS 117 alors qu’il souffla l’idée à André Hunebelle d’adapter les romans de Jean Bruce, Jean Marais participa à tout un ensemble de films du même tonneau où il put entretenir son image de beau séducteur athlétique, faisant le coup de poing et réalisant lui-même ses cascades. De Stanislas à Simon Templar en passant par Le Gentleman de Cocody, il occupa la deuxième partie des années 1960 à des films d’espionnage populaires qui prirent le relais des films de cape et d’épée qu’il tourna au début de cette même décennie et qui firent de lui l’incarnation du cinéma français d’action. Train d’enfer fait partie de ces films aujourd’hui méconnus qui s’inscrivent dans cette logique.
Tourné avec un petit budget, mis en scène par un vieux routier du cinéma populaire français mais qui ne s’était jamais attaqué à un pur film d’action, le résultat vaut pour ses belles images de la Côte d’Azur et son charme suranné. Si le scénario ne brille pas par son originalité, ce qui compte avant tout, c’est l’énergie de son acteur principal qui s’investit totalement pour livrer une partition plutôt nerveuse sur une musique jazzy pas toujours appropriée qu’on s’amusait alors à mettre en fond quand une bagarre éclatait à l’écran : autre temps, autres pratiques cinématographiques. En ski nautique, sur un train, sous un train, sur le bitume, dans une cuisine remplie de divers accessoires, Jean Marais se donne à 200% pour rendre le récit dynamique et certaines scènes impressionnantes. Aujourd’hui, l’ensemble peut prêter à sourire par moments, mais le ton est suffisamment léger pour que cela fonctionne plutôt bien.
La présence tout en charme de Marisa Mell, Howard Vernon en méchant ancien nazi ayant conçu une arme diabolique, les bagarres élaborées par Claude Carliez ou les superbes décors naturels permettent de livrer un spectacle sympathique. Certes totalement désuet mais qui était la marque de fabrique d’un genre qui fit le bonheur du cinéma européen des années 1960. Autant dire qu’en se plongeant dans ce cinéma d’un autre temps, il faut être pleinement conscient de ce qu’on peut en attendre. En attendre plus conduit forcément à l’ennui voire au mépris, ce que ce titre ne mérite pas.
5,5