(Critique sans spoilers)
Attention, jugement biaisé ci-dessous.
Parce que monsieur Danny Boyle me prend par les sentiments.
Déjà, il fait appel à McAvoy pour l'un des rôles principaux de son dernier film (c'est un bon acteur, non ? Dans tous les sens du terme...). Ensuite, la bande-son électro, toujours aussi efficace pour souligner la tension. Et la photographie, ce dégradé en bleu-orangé et ses alternances de rouge, carrément hypnotique.
Allons, pour le scénario, sans rien dévoiler et à l'exception du "twist" final, tout se devine facilement (ça a été mon cas, avec quelquefois plusieurs minutes d'anticipation). Mais là où Soderbergh et son Side Effects pêchait - par son cruel manque de rebondissements, notamment - Boyle réussit haut la main. Avec assez d'indices distillés tout au long du film (flashbacks, acting) et ses twists répétés, il nous donne furieusement envie d'être hyper-attentif aux scènes et de rester jusqu'au bout pour que le fin mot de l'histoire nous soit offert. On sait, mais le plaisir se trouve dans l'attente et celui de la révélation demeure intact.
Ensuite, comme souligné en introduction, Trance est un petit bijou d'esthétisme. Par ces teintes, celle d'une ville la nuit, d'un amour contrarié, d'une transe... ou bien des trois à la fois. Par ces jeux d'images et de reflets, qui entretiennent l'illusion. Par ces cadrages obliques, qui nous font basculer et accentuent l'instabilité. La notre, ou celle des personnages. Par sa soundtrack, mélange d'ambient (parfait pour la relaxation hypnotique ?) et de morceaux électro pour dynamiser l'ensemble. Moby est encore au générique, mais c'est Unkle qui demeurera sans aucun doute dans les esprits. (Hop, une excuse pour (ré)écouter l'album War Stories).
Enfin, troisième raison de courir voir Trance : son trio de tête(s). Habituellement, je ne supporte pas Cassel, dont je trouve le jeu trop "précieux" mais là, je l'ai trouvé très juste, tout comme celui de Rosario Dawson. McAvoy est bluffant, imprévisible, passant du rire à la rage à la détresse avec brio. Les trois nous font douter sans difficulté tout au long de l'histoire.
Conclusion : Trance, thriller déstructuré, est à voir absolument ;-)