« No One Will Save You » commence comme un film d’invasion extraterrestre de très bonne facture. Les premières minutes sont top : tension maîtrisée, mise en scène nerveuse, un alien au déplacement terriblement flippant, frissooons …
On pense tenir un petit bijou de SF horrifique.
Et puis le film change brutalement de cap.
Il bascule dans une œuvre psychologique où tout devient métaphore du trauma de la protagoniste. La symbolique était pourtant déjà bien clair depuis le début. Mais ils ont du se dire qu’on devait être trop con pour la comprendre. Alors il l’ont mise en avant à 2000% : trop explicite, trop envahissante, au point de détruire la cohérence interne du récit.
La protagoniste ne surmonte plus rien ; et les extraterrestres finissent par faire preuve d’une clémence incompréhensible, alors même qu’elle a tué plusieurs des leurs.
Le film abandonne ainsi ce qu’il avait de plus fort — la peur, la menace, l’ambiguïté — pour une sorte de rédemption cosmique artificielle qui ne mène à rien de clair.
Le pire est que tout était là pour réussir :
un début brillant, une atmosphère tendue, des aliens visuellement réussis.
Même le titre français, « Traquée », manque le double sens du très bon titre original, No One Will Save You, qui disait à la fois la menace externe et la solitude intérieure.
La VF réduit tout à une simple chasse, là où l’anglais ouvrait une ambiguïté intéressante.
Au final, Traquée est un gâchis :
un film qui avait tout pour être enthousiasmant, mais qui se perd en route en sacrifiant sa SF et sa tension au profit d’une allégorie psychologique mal intégrée.
Et franchement… pourquoi les gens ne respectent pas la science-fiction ?
Ce n’est pas le seul film récent qui part complètement en vrille pour nous servir une vieille sousoupe psychologique ou sentimentale.
On dirait que dès qu’un film est étiqueté “SF”, certains réalisateurs se sentent obligés d’en faire un drame intérieur déguisé — comme si le genre n’avait pas le droit d’exister pour lui-même.
On ne voit jamais l’inverse :
il n’y a pas de comédie romantique de Noël qui se transforme soudain en space opera à mi-parcours.
Pas de thriller qui vire en dystopie survivaliste sur 8 générations de personnages au bout de 40 minutes.
Mais la SF, si.
Comme si elle devait toujours s’excuser d’être de la SF, ou être rachetée par un “message” psychologique pour être considérée comme sérieuse.
On peut aimer la symbolique, la profondeur, la poésie — mais pas au prix du genre lui-même.
La science-fiction mérite mieux que d’être un simple décor pour un film pédagogique sur la gestion des traumatismes, le développement personnel ou petite politique.
Qu’on la laisse être ce qu’elle est : un terrain d’histoires fortes, d’idées neuves, d’imagination pure… sans avoir besoin de la recouvrir de morale.
Désolé, il fallait que ça sorte…