Des yakuzas venus de l'île principale réduisent un village de paysans en servitude. Mais c'est sans compter sur une enfant du pays, l'intrépide Junko Fuji et un yakuza en cavale, Bunta Sugawara, qui partagent une histoire commune durant la guerre et une envie mordante de rétablir la justice.
Fuji crève l'écran ici, dans un rôle plutôt atypique où le treillis et la queue de cheval remplacent le look beaucoup plus traditionnel qu'on lui connaît. Sugawara est assez cool et plus posé que dans son registre habituel, il se dégage d'ailleurs une atmosphère très sensuelle entre les deux. Un amour réfréné qui connaîtra une issue tragique car Ozawa n'hésite pas à délivrer des scènes très sentimentales, parfois choquantes lorsque des enfants s'agenouillent sur le corps déchiqueté par une bombe de leur mère, ou la très belle séquence dans la grotte où Fuji et Sugawara se dévisagent à la lumière d'un briquet.
En toile de fond, l'occupation d'Okinawa par les troupes américaines. On est en 1971, quelques mois avant la restitution de l'archipel au Japon. Les GI sont partout, oppressants lorsqu'ils patrouillent en jeep en toisant le quidam, expéditifs lorsqu'il s'agit de juger un homme qui sera exécuté dans la foulée -- qui plus est fusillé dans le dos, en revanche ils ne sont pas là pour les villageois asservis et rackettés par les yakuzas, bien au contraire, ils participent au marché du métal avec la pègre. Une vision assez acerbe de la présence américaine et de leur apport à la population locale. Un film plus engagé que son coté divertissant laisserait entendre.
En somme un bon ninkyo inspiré par un cadre original et deux acteurs au sommet de leur forme.