Plata y Plomo
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le 13 mars 2019
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Tu t'es fait tirer dessus cinq fois pour ton pays, et ta pas les moyens d'envoyer tes gosses à la fac. Si on avait fait la moitié de ce qu'on a fait dans un autre métier, on serait tranquilles à vie. La question, c'est de savoir si on utilise nos compétences pour notre profit.
Après Margin Call, All is lost et A Most Violent Year, le cinéaste Jeffrey McDonald Chandor nous entraîne dans un thriller d'action dramatique pourvu d'un casting quatre étoiles avec Ben Affleck, Charlie Hunnam, Oscar Isaac, Pedro Pascal et Garrett Hedlund, formant la base du titre Triple Frontière. Netflix démontre depuis quelque temps la qualité de son catalogue cinématographique par le biais d'une multitude de films toujours plus intéressants qui prouvent qu'ils sont sur le bon chemin. Le long métrage a clairement atteint mes attentes tout en me surprenant au fur et à mesure, comme en atteignant rapidement le but décrit pour mieux nous surprendre par ce qui survient ensuite.
Bien que l'histoire de Triple Frontière puisse sembler redondante et mainte fois vue, de très bonne chose en ressort amenant un peu d'originalité. Le récit embarque son public avec cette ancienne unité des forces d'intervention spéciale américaine allant en Amérique du Sud pour assassiner et commettre un hold-up à plusieurs centaines de millions de dollars à un dangereux narcotrafiquant confiné dans sa demeure protéger au milieu de la jungle profonde. Une intrigue qui repose sur quelques bribes déjà vues et qui n'en demeure pas moins efficace et solide surtout dans la présentation du contexte, c'est pourquoi, je ne cracherais pas dans la soupe.
Triple Frontière se concentre sur les motivations d'une ancienne unité démontrée comme des hommes fatigués et blasés par leur vie après une réinsertion à la normalité brutale ne bénéficiant qu'à ceux pourvues d'argent. L'armée Américaine ayant dans leur grandeur tourné le dos à ses anciens soldats devenu des brebis galeuses sans revenu malgré le sacrifice envers leur pays. Après la gloire par le sacrifice vient l'ignorance et la déchéance. Une critique assez forte du réalisateur insinuant sans filtre que derrière la soit disante grandeur américaine autour de son armée maintes fois glorifiée se cache la réalité abrupte de l'égoïsme du profit. Un outil après usage débarrassé sans la moindre pitié. C'est pourquoi les motivations à l'origine de la refonte du groupe n'est dû qu'à l'appât du gain, étant eux-mêmes dans le besoin.
L’argent devient inévitablement l'assurance d’un futur bonifié et préférable, un contraste certes peu reluisant mais pourtant réel, en totale adéquation avec notre système qui ne favorise que le plus aisé et qui pour masquer tout cela se cache sous de beau discourt tel que '' Égalité, Fraternité et Liberté. ''
Des héros des temps modernes qui à aucun moment ne viendront à douter sur la nature de leurs interventions purement bénéfique en terme de profits, ce qui ajoute beaucoup de maturité au récit. L'espérance finit par pointer le bout du nez via un code moral sur l'amitié qui finalement prendra le dessus sur le profit humanisant les personnages et par la même la vision décadente de ce monde pourri. Un basculement dépeint lors de la séquence finale par le biais d'un petit bout de papier plier sur lequel est notifiée une chose importante qui viendra rétablir ce triste mais pourtant réel constat sur la légitimité du bénéfice. Une allégorie symbolique dans sa catachrèse.
- Est-ce qu'on peut utiliser nos compétences pour notre propre profit.
- Ça marche, on le fait.
L'action qui n'est clairement pas le but premier de cette oeuvre reste de qualité. Implanter de manière réaliste elle ne déborde pas dans un grand n'importe quoi et se concentre sur plusieurs niveaux de lecture, entre : '' l'infiltration '', '' le braquage '', '' les guns fight '', et le '' survival viscéral '' au travers d'une évasion sous tension. Une belle proposition rondement menée qui pourrait ennuyer ceux espérant assister à un The Expendables, mais plaire à ceux attendant plus de nuances. Le suspense est continuellement présent et s'impose particulièrement lors de la séquence en hélicoptère. Certaines scènes valent le coup et sont inattendus dont une en particulier qui m'a totalement pris au dépourvu.
L'action se projette dans des décors superbes, amenant un contraste changeant dans les environnements avec une jungle épaisse, chaude et humide, une montagne morte, silencieuse et gelée... que la superbe mise en scène vient appuyer par de beaux plans, ainsi qu'une composition musicale rock n'roll bien sympathique de Richard Vreeland.
Oscar Isaac (Santiago), lassé de poursuivre des narcotrafiquants dans une société corrompue est le commanditaire du braquage, dans une performance surprenante le faisant sortir de son rôle de casse cou arrogant dans Star Wars le comédien propose une belle performance. C'est ainsi qu'il fait appel à son ancien commando avec en tête Ben Affleck (Tom), le soldat calculateur qui ne laisse rien au hasard, étant dans la vie civile un agent immobilier à la ramasse qui ne parvient plus à joindre financièrement les bouts, ce qui le poussera à rejoindre la troupe. Charlie Hunnam (William) travaillant comme recruteur de troupe pour l'armée rejoint la meute avec son frère (Ben) Garrett Hedlund, combattant amateur de MMA, sans pour autant oublier l'excellent Pedro Pascal (Francisco), pilote ayant perdu sa licence de vol. Toute la distribution se donne à 100%. Leur talent physique est mis à contribution dans des rôles aux dialogues limités mais intenses. Les cinq comédiens fonctionnent habilement ensemble. Ils incarnent de manière crédible des anciens soldats déçus par le manque de considération de l'armée malgré les accomplissements et les sacrifices de chacun d'eux lorsqu'ils étaient des soldats.
CONCLUSION:
Triple Frontière est un film d'action sous suspens étonnant alimenté par une distribution performante qui amène du relief au récit. Particulièrement saisissant en matière de déclin moral où l'ambiguïté déroutante n'est finalement qu'une vision adulte du cinéaste Jeffrey McDonald Chandor qui ne cherche nullement à mensonger son théâtre dans de la belle poudre aux yeux. Une ligne directrice bienvenue qui apporte beaucoup de nuance à la notion du bien et du mal à travers des héros qui n'agissent pas comme tel. Une susceptibilité autour de la cupidité humaine maîtrisée qui ne conviendra pas à ceux aimant la simplicité du mal contre le bien.
Une oeuvre non pas unique mais méritante!
Première chose. Vous pouvez vous tirer, même si vous êtes les meilleurs. Mais c'est maintenant. Y a pas de renforts au sol. Toutes nos blessures... on repartira avec. Soyez sûrs d'une chose. Vous devez garder garder à l'esprit qu'on n'est pas l'armée. Vous pourrez plus retrouver une vie normale après ça.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2019 et Mitraillade, explosion, testostérone, stéroïde, course-poursuite, upercut, punchline : "Actionner bourrin"
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le 24 mars 2019
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