Tristesse et beauté souffre d'un déficit de reconnaissance chez les admirateurs de Masahiro Shinoda et il en est de même, avec davantage de variations, chez les adorateurs de Kawabata, bien que l'auteur lui-même ait jugé l'adaptation de son roman très réussie. On est assez proche de la perfection, pourtant, sur le plan esthétique, d'abord, avec cette mise en scène à la fois sensuelle et imaginative, et sur son pur aspect narratif, ensuite, qui décrit avec subtilité les relations entre 5 personnages principaux, certains ne s'étant jamais côtoyés. Sans aucune transition entre les scènes, hormis quelques vues naturelles, Shinoda parvient à rendre fluide ce conte cruel de la jalousie (chacun des protagonistes l'exprime à sa façon) qui va tout droit vers un final tragique. C'est d'ailleurs cet aspect trop évident de mélodrame programmé qui empêche le film de parvenir au rang de merveille absolue. Le quintet de comédiens est remarquable et si l'on retient évidemment Mariko Kaga en femme fatale (une catégorie de personnage toute nouvelle et florissante dans le cinéma japonais des années 60), le plus stupéfiant d'entre eux est sans doute Sô Yamamura, d'une somptueuse sobriété dans un rôle d'écrivain cynique amateur de jeunes femmes.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Cinéma japonais des années 60

Créée

le 5 janv. 2024

Critique lue 10 fois

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Tristesse et Beauté

Tristesse et Beauté
Cinephile-doux
7

Conte cruel de la jalousie

Tristesse et beauté souffre d'un déficit de reconnaissance chez les admirateurs de Masahiro Shinoda et il en est de même, avec davantage de variations, chez les adorateurs de Kawabata, bien que...

le 5 janv. 2024

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13