Tret'ya Meschanskaya est une comédie dramatique au temps des soviets qui aligne nombre de qualités :
-inventivité des cadrages, plastique visuelle enrichie de motifs machiniques et de plans larges urbains d'une URSS active en pleine construction,
-récit des moeurs ouvrières qui aborde les thèmes critiques de la pénurie de logement, la promiscuité, l'adultère, le ménage à trois, l'avortement,
-mise en scène dynamique et jeu d'acteur vivant, presque naturel à l'aune des critères en vigueur un siècle plus tard,
et l'attrait de la figure rayonnante, tantôt grave, tantôt hilare de Nicolaï Batalov.
La femme y est considérée en jouant une part active dans l'évolution des rapports jusqu'à son émancipation finale -quoi qu'il en coûte- ; l'absence de violence malgré, les situations conflictuelles, pourrait du reste être affiliée à un point de vue féminin du réalisateur : dans la scène où Kolia apprend la tromperie de la bouche de son ami et manipule nerveusement sa fourchette, l'on s'attend à ce qu'il la plante quelque part dans le corps de son ami, et bien non. Il se lève et cède la place. Le combat de coqs est évacué! De la tension, oui, mais pas de violence.
Admirables parties de dames!
Le ton est libre et innovant, à l'image sans doute des espoirs en un monde meilleur que pouvait encore porter l'avènement du communisme dans ses jeunes années. De la belle ouvrage à l'intérêt documentaire indéniable au delà de sa qualité artistique. A voir et revoir.