Trois fois 20 ans par kinosan
« Late Bloomers », titre originel qui aurait du prendre tout son sens au fil des séquences, est simplement l'occasion pour Isabelle Rossellini et William Hurt d'exposer leur jeu d'acteur et leur complicité au combien enviable. L'un des premiers plans pose immédiatement la distance assumée par les deux personnages principaux. Contra-zoom et habit rouge au centre. Interdite, Mary attend la fin de la cérémonie, décorant son mari pour son travail d'architecte. Enfin conscients de devenir des sexagénaires en puissance, Adam et cette mère de famille ont une manière toute particulière d'appréhender la situation. Chacun de leur côté - les explications ou les règlements de comptes se feront rares – tenteront de dépasser tout ça. Elle, excessive et en proie aux gadgets du troisième âge, telles que le téléphone à grosses touches ou les poignées de baignoire. Lui, faussement jeune et fuyant le foyer familial pour quelques heures supplémentaires. « 2 fois 30 ans » aurait mieux convenu choix scénaristiques de Julie Gavras... Les tromperies et l'engagement dans certaines activités extra-professionnelles correspondent peu aux émois assumés et débordants de vingtenaires. Entre frasques et impassibilité, les personnages secondaires, à l'instar de Nora, la mère de Mary et James, leur fils aîné, rehaussent le ton. Ils dépassent en soi les retrouvailles finales des deux anxieux. Dur de se projeter et s'imaginer parmi la catégorie Senior, tout comme la réalisatrice, n'est-ce-pas ?