Je ne sais pas pourquoi, mais en regardant Troll 2, j’ai repensé à Le Règne animal. Cette capacité qu’avait le film de Thomas Cailley à transformer la transformation même en émotion. Un tremblement lent, diffus, qui gagnait le corps avant l’esprit. Ici, je cherche cette sensation. Longtemps. Je tends la main. Elle ne rencontre que le vent. Le troll surgit, écrase, rugit, renverse. Des explosions de terre, des cris étouffés, des foules qui courent. Et pourtant, je reste au bord. Je vois les images sans les sentir. Comme si quelque chose, derrière le montage, retenait l’essentiel. Je voulais cet impact physique — le pas du monstre qui traverse le thorax comme dans Jurassic Park, ou ce vertige de caméra qui rendait Cloverfield presque organique. Mais ici, tout file trop vite. Le récit saute d’un point à l’autre, comme un animal affolé. Pas de pause. Pas de contrepoint. Pas de respiration intérieure. Nora tente bien de ramener un peu d’âme, un peu de fragilité. Elle regarde, doute, hésite, mais le film ne lui laisse pas de place. Elle avance dans un scénario qui semble la précéder de deux longueurs. Andreas et Kris souffrent du même vide : des silhouettes plus que des corps, des fonctions plus que des êtres. Je m’accroche à quelques instants pourtant. Une route déserte dans le vent. Un plan d’ensemble où la montagne semble plus vivante que les humains. Une hésitation dans les yeux de Nora, presque belle. Et je me dis que Troll 2 aurait pu être un film sur la perte, le vertige, la nature qui reprend. Mais tout s’éparpille. Et ce qui reste, c’est le bruit — large, massif, sans relief émotionnel. Je regarde la fin avec une douceur un peu triste. Comme devant un film qui voulait trop et qui, dans l’effort, a oublié ce qui fait battre une histoire. Ma note : 6 / 20
🔴 Me retrouver sur https://www.youtube.com/channel/UCwnp9KZCW3j6S_JEko5hxSg