Après des déboires qui auront fait couler beaucoup d'encre, entre abus d'alcool, propos violents et antisémites, Mel Gibson fut blacklisté des studios . Qu'importe, le mec assume. Pas question pour lui de s'excuser et de jouer sur l'hypocrisie Hollywoodienne. L'acteur-réalisateur se contentera de se faire oublier pendant un moment histoire de soigner ses excès pour revenir plus tard faire quelques apparitions en Bad guy devant la caméra de Rodriguez ( Machete Kills ) et de Stallone ( Expendables 3 ). Il officialisera son retour avec Blood Father où il est clair que l'acteur recherchera une sorte de rédemption avec ce film...


Ce n'est pourtant pas de l'acteur dont il est question ici mais bien du réalisateur. Et il est clair que 10 ans après sa dernière réalisation ( Apocalypto ), l’annonce d'un tel projet autorisait un certain scepticisme, d’autant que le projet devait d’abord être confié à Randall Wallace, réalisateur du sympathique Nous étions soldats. Il était en effet surprenant de voir Mel Gibson, cinéaste réputé pour son goût pour la violence, revenir à la mise en scène en racontant l’histoire vraie d’un objecteur de conscience acceptant de servir son pays mais refusant de porter les armes. Et c'est là que Gibson se distingue en habile manipulateur de l’émotion, partageant son long métrage en deux parties : l’une étant une élégante romance contrariée, avec entraînements et bizutages en camp militaire, et la seconde étant la représentation violente, réaliste et morbide du champ de bataille...


Mais c’est avant tout d’une histoire de foi, d’héroïsme et de sacrifice dont il s’agit, filmée à hauteur d’un homme dont le regard est porté vers les cieux, un homme dont il est bien difficile de dire s’il était complètement fou ou d’un courage insensé. Nul doute que Gibson a vu un peu de lui-même dans cet homme proche de Dieu et rejeté par ses pairs à cause de ses convictions profondes lesquelles proviennent d’un trauma qui a fait prendre conscience à l’intéressé de la valeur purement humaine d'un des dix commandements. Ainsi, Tu ne tueras Point se veut, à la manière d’Apocalypto, ou de Braveheart, la quête effrénée d’un cœur pur et primaire non pas d’échapper à la barbarie, mais de la transcender...


Dans la deuxème partie du film, c'est la guerre. La grande boucherie. Un mouvement de caméra nous entraîne au-dessus de la falaise, nous dévoilant un paysage d'apocalypse. L'image devient sombre. Et là Gibson nous entraîne dans une bataille ahurissante de violence. On s'y attendait mais pas à ce point. On ne peut pas qualifier la deuxième partie du film de morceau de bravoure tant le réalisateur ne nous épargne rien de l'horreur absolue du carnage : corps déchiquetés, mutilés à l'extrême, dévorés par les vers et les rats, utilisés comme boucliers par les combattants rendus fous par le déluge de plomb et de feu. Mais comme dans chaque film de Gibson, cette violence n'est pas une violence gratuite. Dans le cas de Tu ne tueras point, elle est là pour illuminer le héros, tant par son courage que par sa foi en l'humanité malgré le chaos qui demeure...


À la lumière de sa filmographie, il était couru d’avance que Mel Gibson allait finir par s’attaquer à un film de guerre. Après avoir vécu une longue traversée du désert, c’est désormais chose faite avec Tu ne tueras point, où il parvient à réunir ses deux thèmes d’élection ( la violence et la religion ) sans que jamais l’un ne prenne le pas sur l’autre. Tu ne tueras point s'inscrit donc parfaitement dans la continuité des films de Gibson qui signe ici un très grand film !!!

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le 13 nov. 2016

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Yoann_Carré

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