Un film magnifique et d'une maîtrise formelle indiscutable ! Second long métrage du passionnant Paul Verhoeven Turkish Délices succède au déjà très bon Business is Business dans la filmographie du hollandais violent, assumant un style décomplexé voire carrément débridé, notamment dans son exploration fascinante d'une sexualité mêlée de sentiments fusionnels.


La couleur du film, particulièrement prononcée et chaleureuse, s'attache en permanence au couple charismatique formé par Monique van de Ven et Rutger Hauer. Explicite, parfois grotesque mais toujours élégante Turkish Délices est moins la chronique d'un amour que celle d'une passion, dépeignant sans fard la relation unissant le cynique Erik et la délurée Olga ; le film se distingue notamment par sa remarquable inventivité visuelle et sa lucidité émotionnelle, évoquant les jeux sado-masochistes du couple du Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, mais de manière plus triviale et paradoxalement plus tendre et moins destructrice dans le même mouvement.


Un autre film vient en tête au regard de ce langoureux et très adulte Turkish Délices : le 37°2 le Matin de Jean-Jacques Beineix, film culte des années 80 partageant avec le film de Paul Verhoeven le goût des passions dévorantes, des émois charnels et des sons jazzy mélancoliques ( du reste le personnage incarné par Béatrice Dalle, instable et très sexué n'est pas sans rappeler celui de Monique van de Ven, lui aussi en proie à la maladie dans le dernier acte du métrage ).


En mêlant beauté et laideur, tendresse et violence avec sa frontalité sans pareille Paul Verhoeven signe avec Turkish Délices un excellent morceau de cinéma contrasté, incroyablement porté par son duo de comédiens. Une oeuvre saisissante, dérangeante et finalement terrible dans sa conclusion, rappelant tristement au détour d'une perruque jetée au vide-ordures que les passions ne durent qu'un temps... Fascinant !

stebbins
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le 17 juin 2018

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