Mon premier Litvak et une belle surprise. Une réalisation pas loin d'être impeccable. Et la version un peu trop médiocre que j'ai vue n'altérera en rien ma joie. Je ne sais si le terme est adéquat pour un mélodrame aussi poignant. La direction d'acteurs n'est pas aussi exceptionnelle que la mise en image mais comporte quelques belles séquences. Kirk Douglas en impose comme à son habitude. Il offre là encore une excellente interprétation. Le jeune Reggiani dans un tout petit rôle n'est pas mal non plus le saligaud. La prestation de Dany Robin, je ne l'évoque qu'à peine, la pauvre soutient un personnage effacé, peu vaillant et hostile au monde qui l'entoure... c'est justement tout le sens du film et n'a par conséquent qu'une présence en demi-teinte, difficile finalement pour moi de la jauger, je ne la connais pas suffisamment. J'ai bien aimé celle de Fernand Ledoux qui porte bien son nom en papy tranquille, gentil, du sur-mesure, une trogne bienveillante.

Au delà de ce que les acteurs amènent à travers leurs personnages, c'est la thématique explorée par Litvak qui m'a particulièrement intéréssé. Le poids et la souffrance d'être femme dans ce Paris tout juste libéré, bref, toujours aux prises à une guerre qui n'en finit pas de durer, l'oppression des jugements moraux qui lient ou délient les amours aussi facilement que cruellement dans ce contexte cahotique, ces écorchures que la guerre ne montre pas directement mais qui font aussi mal que celles du front. "Si nous nous étions connus avant la guerre" ne cessent de se dire ces amoureux. Plus qu'un acte d'amour le film nous raconte une tentative de deuil. Le deuil d'un amour entre deux êtres, le deuil d'une guerre qui a tué une époque, des moeurs, des illusions, des rêves de petits garçons ou de jeunes filles. C'est un moment émouvant certes mais il s'en faut de peu pour que l'histoire des mentalités s'engouffre dans ce mélodrame. Litvak reste en marge de l'évènement pour mieux nous faire sentir les affres souterrains, les malédictions inexorables. C'est une belle oeuvre, romanesque sans être pompeuse, mélodramatique sans être larmoyante, bien filmée sans être trop voyante.
Alligator
8
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le 5 janv. 2013

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