Cela tient parfois à peu de choses...
Il est plus facile pour un chameau, le premier film de Valeria Bruni-Tedeschi ne m'avait guère séduit : l'actrice-cinéaste se mettait elle-même en scène dans une sorte d'auto-thérapie visant à accepter d'être née au sein d'une famille richissime. Cela donnait un film nombriliste, ayant sans doute fait du bien à son auteur mais qui, pour autrui, laissait un sérieux gout d'inachevé, un sentiment de bonnes intentions gâchées par un manque de maitrise.
Un château en Italie traite à nouveau des questionnements internes de cette même Valeria Bruni-Tedeschi, dans un film toujours aussi largement autobiographique. Mais là - ô miracle - cela fonctionne. Peut-être car cinématographiquement, surtout au niveau du rythme, Valeria Bruni-Tedeschi s'est affirmée comme cinéaste à part entière. Peut-être aussi, car les acteurs arrivent à tisser entre eux une toile séduisante que l'on a plaisir à parcourir (entre Louis Garrel et Bruni Tedeschi, entre Filippo Timi et Bruni Tedeschi, entre Céline Sallette et Filippo Timi, sans oublier Xavier Beauvois, André Wilms, Marie Rivière). Et puis, dans une palette de thèmes étendues (entre préservation des souvenirs et volonté d'embellir le présent et le futur), Un château en Italie adopte un ton drolatique et distancié qui fait mouche : cela donne des situations cocasses, des dialogues bien sentis et des personnages haut en couleurs qui cultivent des personnalités originales et donc cinématographiquement intéressantes. Avec Un château en Italie, Valeria Bruni-Tedeschi se rapproche de Nanni Moretti : même mise à nu autobiographique, même regard tendre et amusé. Même pet' au casque.

denizor
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Un film, un(e) réalisateur/trice

Créée

le 10 mars 2016

Critique lue 426 fois

4 j'aime

2 commentaires

denizor

Écrit par

Critique lue 426 fois

4
2

D'autres avis sur Un château en Italie

Un château en Italie
Krokodebil
7

Les riches pleurent aussi.

Il y a au moins deux façons de se positionner face au nouveau film de Valéria Bruni-Tedeschi. L'une est d'être vierge de tout à priori, de tout savoir périphérique sur le film. On le regarde comme un...

le 5 nov. 2013

15 j'aime

2

Un château en Italie
Black-Night
6

Critique de Un château en Italie par Black-Night

Un Château En Italie est un film sympa. Une comédie dramatique un peu perturbante parfois où l’on a le ressenti que ça part un peu dans tous les sens. Sur l'air de l'autofiction, Valeria Bruni...

le 13 mars 2016

6 j'aime

5

Un château en Italie
denizor
7

Critique de Un château en Italie par denizor

Cela tient parfois à peu de choses... Il est plus facile pour un chameau, le premier film de Valeria Bruni-Tedeschi ne m'avait guère séduit : l'actrice-cinéaste se mettait elle-même en scène dans une...

le 10 mars 2016

4 j'aime

2

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime