"Un grand voyage vers la nuit" est un long film onirique (2h20) qui navigue tout du long entre rêve et réalité. On suit Luo Hongwu (interprété par Huang Jue) à la recherche d'une femme dans la province de Guizhou, autour de la ville de Kaili, chère au réalisateur Bi Gan.
Le film nous entraine dans un voyage fantasmagorique où l'on a parfois du mal à savoir la chronologie réelle des choses, comme ce qui est réel ou du domaine du rêve. Plus que d'essayer de tout comprendre, de tout expliquer... il faut mieux se laisser bercer, se laisser porter par l'ambiance et le récit.


Je ne veux surtout pas trop en révéler, mais je dirai qu'une des particularités principales du film est d'être d'une certaine façon "divisé" en deux par un twist qui survient après 1h15 (en gros) et qui fait basculer le film dans un long plan séquence magistral d'une heure... encore plus onirique. J'aurai tendance à dire qu'à ce moment là on bascule dans le rêve, mais j'ai aussi lu l'interprétation inverse dans une autre critique. A chacun de se faire son avis.


Pour ma part, j'ai d'abord eu du mal avec la première partie du film. Si l'acteur principal est attachant et charismatique, si la réalisation comme l'ambiance sont particulièrement réussies... le rythme quand a lui est très... très lent (de façon constante, sans aucun changement de rythme) et les explications assez perdantes par moment. Il peut être difficile de retenir tous les noms cités et les évènements relatés, mais une partie d'entre eux prend de la consistance dans la seconde partie qui fait alors écho à beaucoup de choses cités précédemment.


J'ai eu un peu de mal avec cette première partie... Mais ce qui m'a vraiment fait aimer ce film c'est la suite que j'ai réellement adorée ! J'ai été captivé par cette dernière heure... totalement envouté par la poésie et la magie de cette longue scène nocturne.
J'ai beaucoup aimé le choix de ce lieu assez incroyable (tyrolienne, salle de billard, podium soirée karaoké de village, rues en ruine,...etc...) et les allers-retours savamment orchestrés qui renforcent la sensation d'évoluer dans un rêve.


Pour conclure... "Un grand voyage vers la nuit" est un film qui ne plaira certainement pas à tous, de par son rythme particulièrement lent et son récit dont certains éléments sont parfois durs à suivre... Comme pour un David Lynch (et le film par certains aspects peut faire penser à ce réalisateur) il ne faut pas essayer de tout comprendre ni de tout expliquer, mais se laisser porter par ce rêve... par ce voyage.
J'ai pour ma part toujours aimé ces errances entre rêve et réalité... que ça soit dans un 8 et demi de Fellini, dans les brumes du "Regard d'Ulysse" de Theo Angelopoulos,... et j'en oublie.
Si je n'ai pas tout aimé également dans "Un grand voyage vers la nuit"... la seconde partie de ce film est pour moi un vrai moment de magie cinématographique qui m'a envouté par sa poésie.


J'attends avec plaisir de découvrir les prochains films de Bi Gan.


P.S - Petite note sur la 3D. :
Pour ceux qui ne sont habituellement pas fan (comme moi) de ce que rend l'effet 3D actuel. Je conseillerai plutôt de voir le film en 2D. J'ai vu les deux versions du film (j'ai été le revoir le lendemain)... et j'ai personnellement préféré la version sans.
Je ne sais pas si c'est lié à ma vue (je suis myope donc j'ai des lunettes de vue en plus de celles 3D)... mais l'effet assombri énormément l'image et lui fait perdre en définition. Dans cette dernière partie très belle, j'ai trouvé que cela n'ajoutait rien d'indispensable et au contraire me faisait moins profiter de la beauté des images.
Je n'ai jamais aimé cet effet où les différents plans de profondeur se détachent trop nettement les uns des autres, comme des décors de théâtre. Curieusement, l'effet 3D a pour moi diminué l'immersion dans cette dernière scène au lieu du contraire.

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le 31 janv. 2019

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Moot70

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