Steve Elliott,célèbre acteur américain,débarque à Rome pour y tourner un film relatant la vie de l'illustre écrivain italien Cesare Pavese.Il sélectionne sur photo l'interprète de Gabriella,le dernier amour de Pavese,et arrête son choix sur Jane Steiner,une théâtreuse parisienne inconnue.Naturellement,les deux comédiens vont tomber amoureux comme leurs personnages,ce qui va causer quelques problèmes avec leurs conjoints respectifs,pas forcément ravis de la tournure prise par les évènements.Diane Kurys,réalisatrice,scénariste et coproductrice du film,avait été révélée par son excellent premier film "Diabolo menthe"."Cocktail Molotov" et "Coup de foudre",sans vraiment être des triomphes,l'avaient ensuite installée parmi les valeurs sûres du cinéma français,au point qu'elle s'est sentie pousser des ailes en ces eighties finissantes en tentant l'aventure de la coprod internationale avec"Un homme amoureux".Mais ce pudding franco-italo-américain se plantera en beauté,sonnant le glas des ambitions de la cinéaste,qui se contentera ensuite des limites de l'hexagone.On avait pourtant mis les petits plats dans les grands,la production côté français impliquant Michel Seydoux et Alexandre Films,la boîte de Kurys et de son mec Alexandre Arcady.Tout un tas de techniciens réputés ont été mobilisés,le musicien Georges Delerue,les ingénieurs du son Bernard Bats et Gérard Lamps,l'opérateur Bernard Zitzermann,la monteuse Joële Van Effenterre,le directeur artistique Dean Tavoularis,les bruiteurs Alain et Jérôme Lévy,il y a même Rémy Julienne aux cascades,pourtant très réduites ici.Mais personne ne semble en grande forme,notamment Delerue qui signe une partition pompeuse à chier ou Zitzermann dont la photo est dans l'ensemble sans grâce.Une flopée d'assistants ont en outre été embauchés,dont les futurs réalisateurs Paolo Barzman,Frédéric Blum et Alain Centonze,qui ne feront rien de très convaincant lors de leur carrière.En fin de compte,le film sera présenté en ouverture du Festival de Cannes 1987,pour être oublié aussitôt après,ce qui se conçoit aisément au vu de la fadeur d'une oeuvre aussi prétentieuse que vaine.Diane Kurys propose une histoire d'amour convenue sur fond d'exploration des coulisses du cinéma.Le coup du film dans le film a pu marcher,on se souvient de "La nuit américaine" ou,dans le style humoristique,de "Ca tourne à Manhattan",mais là,ce mélo claqué ne provoque qu'un vague ennui mâtiné d'agacement.Rien n'est surprenant dans cette love story mollement narrée entre deux êtres rejouant IRL leurs rôles de fiction.Le type a vingt ans de plus que la nana,il est marié et a deux enfants,mais la donzelle lui tombe quand même direct dans les bras vu que c'est une star,ces créatures fascinantes à qui on ne peut rien refuser.La petite comédienne qui ramouille sur scène à Paris en compagnie de son copain,un acteur-metteur en scène d'avant-garde minable,est illico séduite par le brillant Steve et flattée de l'intérêt qu'il lui porte.C'est un schéma ultra-classique,observé des milliers de fois dans la vie comme au ciné.Pour ce qui est de la description de l'envers du décor,on nage dans la complaisance,Diane n'étant visiblement pas venue pour vitrioler son milieu.Elliott est le prototype de l'acteur tourmenté,qui "vit son personnage".Le mec en fait des caisses,se prend bien au sérieux et va jusqu'à s'isoler dans un hôtel portant le nom de celui dans lequel Pavese s'était suicidé.Le choix de Pavese,sorte de poète maudit,procède d'ailleurs de cette démarche chichiteuse,d'autant que le gars était communiste,ce qui est considéré comme très chic dans les milieux cinématographiques hyper friqués.Steve se balade donc la nuit dans Rome avec un bouquin de l'écrivain sous le bras,il pète les plombs à intervalles réguliers,rejoue cinquante fois ses prises,bref c'est carnaval.Le reste du temps,il baise sa conquête comme un furieux,calme sa femme hystérique au téléphone,engueule son assistant dévoué,se plaint qu'on l'exploite et fait des dingueries comme de partir en week-end à Paris pour retrouver Jane ou se barrer du plateau en plein tournage.Quant à la fille,elle commence à s'ennuyer ferme dans la grande villa avec piscine de la star,en attendant qu'il rentre le soir après sa journée de boulot.Ces gens ont une vie tellement dure,vous ne pouvez pas imaginer.Heureusement que Michael,l'assistant de Steve,a les pieds sur terre et déclare que cette existence de riche lui plait bien même s'il est un peu l'esclave du comédien,lui qui pourrait encore découper de la viande à Brooklyn,dans la boucherie casher de son père.Une bonne dose de tire-larmes inefficace vient égayer le tableau avec le cancer de la mère de Jane,mais c'est comme le reste si platement servi que ça ne provoque nulle émotion.Peter Coyote,pas souvent inspiré,est plutôt bon ici en vedette tourmentée,tandis que Greta Scacchi,visage de madone et corps de rêve qu'elle n'hésite pas à dévoiler,est aussi divinement belle qu'elle joue divinement faux.Peter Riegert survole le casting en employé corvéable à merci mais imperturbable et plein d'humour et d'humanité.Jamie Lee Curtis est explosive en épouse trompée déterminée à garder son mari,la partie de tennis est anthologique,mais elle n'a que peu de scènes.Les parents de Jane sont le cinéaste John Berry,bien nul en journaliste loufoque,et une Claudia Cardinale encore très belle mais au jeu sans relief.Vincent Lindon est ridicule en godelureau cocufié,Elia Katz amusant en agent artistique décontracté et Jean-Claude de Goros,l'acteur fétiche d'Arcady,très bon en ami médecin.Dans la troupe théâtrale avec laquelle Jane se produit,on aperçoit Jérôme Deschamps,metteur en scène contre-cultureux bien connu,et Christine Pignet,la mère Groseille de "La vie est un long fleuve tranquille".Note et critique de film de Diane Kurys publiées précédemment:"Diabolo menthe"-7.Moyenne:5,5.