Putain de chef d'oeuvre, clairement.
Ang Lee, le réalisateur de Tigre et Dragon et du Secret de Brokeback Mountain revient plus de quatre ans après* une ennuyeuse Odyssée de Pi et huit ans après un Hôtel Woodstock raté. Comme pour ce dernier film, les protagonistes sont Américains. L'action se passe aux Etats-Unis, un jour pas comme les autres, pour le héros du film... ça c'est pour l'instant T car ce cher Billy Lynn interprété par l'excellent Britannique Joe Alwyn dont c'est le premier film, se remémore l'Irak, sa permission et son retour au Texas puis de nouveau le front et ses actes de bravoure...
Et c'est là que le film est impressionnant, Ang Lee, l'un des réalisateurs les plus récompensés de tous les temps nous rappelle à son grand talent avec notamment cette chorégraphie sur deux chanson de Destiny's Child filmée en plein-séquence et suivie d'un souvenir vif, un souvenir de guerre, celui du combat de Billy Lynn pour sauver Shroom, sergent aimant interprété par Vin Diesel, sincère, convaincant, sobre...
Le film en entier se lit sans mal, les flashbacks passent bien...
Côté personnages secondaires, outre Vin Diesel, Kristen Stewart est la soeur qu'on aimerait tous avoir et prouve qu'après Sur la route ou encore Sils Maria, elle est une grande actrice, vraiment.
Garret Hedlund dont le charisme n'est plus à prouver excelle en sergent à la fois dur et complice, ses punchlines, sa manière de parler rappellent les plus célèbres sergents instructeurs du cinéma (Full Metal Jacket, Officier et Gentleman).
Enfin, Chris Tucker fait son show sans en faire trop (sans les mauvaises blagues que de nombreux scénaristes lui ont auparavant imposées), le personnage semble être fait pour lui ; Steve Martin (bizarre de le voir ici) n'est pas très drôle (comme dans beaucoup de ses comédies en même temps) et est une belle retranscription de l'homme d'affaires américain ; "last but not least", Mackenzie Leigh, interprète de Faison Zorn, la belle cheerleader pas trop cruche mais sûrement un peu prude et puritaine, est le rayon de soleil de ce film, le genre qu'on a tous eu mais qu'on n'a pas toujours su saisir (chienne de vie)
Mais dans ce film, rythmé, propre et même drôle, le héros n'échappe pas à son destin...
Dernier point : le message. "La vie est injuste" dit Kristen la balafrée, ouais c'est vrai, aux Etats-Unis où de jeunes gars n'ont pas d'autre choix que de s'engager peut-être plus qu'ailleurs. Besoin d'argent, de fuir, soif d'aventure, de gloire, de reconnaissance qu'on soit wasp, noir, asiat' ou latino. Voilà ce que nous montre aussi ce film, des jeunes plutôt paumés qui n'aiment pas qu'on leur dise que leur armée était en Irak pour le pétrole... Non, non, bien qu'ils n'y allaient pas forcément pour y instaurer une démocratie, ce n'est pas pour ça qu'ils ont signé...
Il y a du Hamburger Hill dans ce film comme du Rambo aussi...
Car de retour au pays, le stress post-traumatique s'installe chez certains, tendus comme des strings. Ces hommes sont des héros pour certains, des cibles pour d'autres... Adulés, provoqués, il est intéressant de scruter leurs réactions.
"Je t'aime" Billy Lynn...
En tout cas, tout ce qui passe devant la caméra est filmé avec une telle virtuosité, une maestria rarement vue pour ce qui est pour l'instant le film de l'année (je n'ai pas encore vu La, La, Land)
Un grand film.