Les déambulations de deux pauvres amoureux

Un merveilleux dimanche fait partie des premiers longs-métrages de Kurosawa avant qu'il ne connaisse le succès international avec Rashomon en 1950. Il est alors toujours intéressant de se plonger dans ses premières réalisations qui se révèlent parfois passionnantes comme celle-ci.


S'il s'agit assurément d'un Kurosawa mineur avec des défauts évidents, ce petit film n'en est pas moins réussi. Il est pétillant, il sonne juste, et surtout, il est réalisé avec une forme de simplicité parfaitement gérée pour nous plonger au cœur de l'histoire de ce couple qui devient très vite attachant.
Evidemment il y a des maladresses dans certains dialogues, notamment la redondance de la pauvreté qui pourrait être bien plus suggérée à travers l'image que par une répétition de leur situation misérable par la parole. J'ajouterais également que la séquence durant laquelle Yuzo se retrouve seul avant que Masako ne revienne est un peu trop longue et casse fortement la dynamique générale du film. Mis à part ces détails, le film a un certain souffle très plaisant qui nous emporte littéralement dans leur journée pleine de rebondissements sans trop nous lâcher.


Le couple est fort sympathique et suscite rapidement l'empathie. Masako se montre davantage dynamique et joyeuse que Yuzo, personnage quant à lui plus proche de la dépression à cause d'une situation financière problématique. Il connaîtra toutefois certains moments d'euphorie lui aussi. Ce duo fonctionne alors très bien, ce qui était nécessaire pour un film se basant presque uniquement sur ces deux personnages.


Le moment où Yuzo s'imagine être un chef-d 'orchestre est certainement le plus percutant, le plus mémorable et le plus réussi. Kurozawa témoigne ici d'une certaine inventivité - avec le peu de moyens dont il disposait pour ce film -, en suggérant que l'imagination peut avoir une force incroyable jusqu'à parvenir à remplacer temporairement la réalité en termes d'intensité vitale. Le tout avec une belle mise en scène, ce qui nous permet de constater déjà le talent de ce réalisateur qui ne cessera d'impressionner le monde par la suite avec des réalisations de plus en plus ambitieuses.


Oscillant entre joie, tristesse, situations comiques, mélancolie, nos deux jeunes amoureux terminent leur rencontre sur un magnifique sourire. Finalement, ils ont peut-être bien vécu un merveilleux dimanche comme le titre le souligne fort justement.

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le 16 juil. 2021

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Tystnaden

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