Revue à l'instant, cette franchouillardise "à la fraîche" se doit d'être resituée dans son contexte pour une appréciation de rigueur. Entièrement sublimé par les prestations de Victor Lanoux et ( surtout ) Jean-Pierre Marielle Un Moment d'égarement figure parmi les comédies douces-amères de la fin des années 70, film réalisé à l'aune de la libération sexuelle et de l'émancipation féminine, au temps où il était encore possible de jouir sans entraves et de déterrer les plages fichées sous les pavés...
Arborant une atmosphère savamment paresseuse et pleinement méridionale cette production française n'aurait certainement pas autant fonctionné sans son duo d'acteurs principaux : si Lanoux se distingue largement en paternel possessif au regard furibond Marielle excelle quant à lui en copain quadragénaire à l'oeil paillard tombant sous le charme d'une Agnès Soral délibérément indolente. L'alchimie des comédiens constitue ainsi l'attrait principal d'un film marquant l'air du temps auquel il fut réalisé, avec ce que cela implique en termes de climat estival, de répertoire musical convoquant entre autres choses les rengaines d'Alain Souchon et les slows de Michel Stelio et de paires de loches en bonne et due forme.
Davantage qualitatif que son remake éponyme réalisé par Jean-François Richet tourné voilà dix ans Un Moment d'égarement figure parmi les petits cultes post-68 du cinéma hexagonal, traînant son parfum de soufre guilleret hérité des Valseuses de feu Bertrand Blier tout en préfigurant l'esprit collégial et un tantinet beauf de l'équipe du Splendid ( Les Bronzés en tête, mais pas seulement...). Un film à voir et même à revoir pour le génie de jeu de Jean-Pierre Marielle, toujours aussi classe et émouvant même dans ses pis emplois. Un petit incontournable à découvrir, fatalement condamné à rester prisonnier d'une époque aujourd'hui bel et bien révolue.