En regardant ce film, vous avez probablement vu un policier. oui, sans doute.
Vous avez vu une histoire d'évasion et de cavale de plus. Vous avez raison.
Vous l'avez classé dans les "road movies". Bien sur.
Une affaire de rapt d'enfant? Oui encore.
Mais un thème qui tient à coeur à Clint Eastwood comme dans "L'échange"? Certainement pas.
Ce film est avant tout une critique sociale.
Le titre est evidemment ironique, le "mauvais" s'avère être le vrai héros. C'est la société, ses representants officiels, les bons pères et bonnes mères de famille qui ne sont pas si parfaits.
Curieusement, avec "Un monde parfait", le très républicain Clint Eastwood vient enchérir sur "La poursuite impitoyable" du très démocrate Arthur Penn. Tout n'est pas si simple au nouveau monde. D'autant moins que les frères Coen reviendront sur le thème avec une ironie dévastatrice au détriment du réalisme d'Eastwood.
Mais tous s'accordent à considérer qu"'Il y a quelque chose de pourri au royaume..."
Ces critiques sont courantes chez nous, le talent en moins, notamment dans les téléfilms financés par la redevance télé.
Eastwood s'en prend à la rigidité inhumaine et à l'aveuglement absurde des institutions, mais aussi à l'hypocrisie, à la mesquinerie, à l'égoïsme et à la bonne conscience de ses concitoyens. Il ose même critiquer la sacro-sainte famille américaine.
Même si cela est exprimé avec une certaine subtilité et souvent avec ironie, rares sont les "progressistes" à avoir osé un brulot si féroce sur la société américaine.
Si vous pensez avoir défini Clint Eastwood quand vous avez dit "fasciste", regardez ce film!