Etonnant, inattendu et un peu déstabilisant pour celui qui connait la filmo de Peckinpah. Une sorte d'OFNI dans la carrière du bonhomme.

Vous prenez un bon gars, Cable, le mec assez cool quoi, mais qui devrait un peu mieux choisir ces potes à l'avenir pour éviter de se retrouver seul comme un con en plein milieu du désert avec sa bite et son couteau! Ah non, merde, il a pas de couteau, et l'autre chose lui sera pas d'un grande aide pour le moment...Bon, le mec, dans son malheur, il a quand même la chance de découvrir le seul point d'eau de l'endroit! Et tout de suite, il voit bien le profit qu'il peut en tirer!

Vous lui adjoignez un acolyte particulier, Joshua, genre un prédicateur qui aimerait bien, pour résumer, monter sa propre secte! Si en plus ses adeptes ne pouvaient être que de sexe féminin et peu vêtue, ça le dérangerait pas non plus! Disons que le voyeurisme par le trou de la serrure ne lui fait pas peur, et que sa méthode de prière par imposition des mains sur les seins sembles être efficace...

Bon, ça manque quand même un peu d'oestrogène tout ça! Alors on va faire venir une blonde à forte poitrine pratiquant l'incontournable métier de prostituée. Et comme Richard Gere et Julia Roberts n'ont rien inventé, on va faire en sorte que Cable et Hildy (la jeune femme donc) connaisse une histoire d'amour....

On fait intéragir tout ce petit monde, et c'est parti pour un western bordélique qui part un peu dans tout les sens. Un western burlesque, une comédie sans arrière pensée (et pas une parodie comme peut l'être "Mon nom est personne" par exemple) d'où se dégage de ce petit groupe un humanisme à la John Ford, cinéaste adoré par Sam! Surprenant que le cinéaste de " La horde Sauvage" ou encore "Qui veut la tête d'Alfredo Garcia" nous propose cette oeuvre alternant le grotesque et la tragédie, fleurtant avec la grivoiserie (l'obsession sur les seins de Hildy ou encore se prêtre pelotteur) et même la mièvrerie (les scènes d'amour idyllique entre Cable et Hildy) mais n'effectuant jamais le pas de trop. Ici pas de mecs se faisant trouer la peau au ralenti, pas de réels méchants mais juste des hommes avec leurs défauts qui peuvent se retrouver ridicules. C'est drôle, touchant parfois, bref ça met la patate!

Et c'est le film préféré de Peckinpah lui même! En fait c'est probablement son plus personnel, celui où il a mis le plus de lui même à travers ses personnages! Des personnages minés par leur contradictions à l'exemple de Hildy qui ne fantasme qu'au luxe et à un mari riche mais qui finalement n'est vraiment elle-même que dans le trou perdu de Cable où elle a une vie simple et heureuse , mais qui y renonce car prisonnière de ses rêves. Ou encore Cable enfin riche, qui refuse de se mêler à la ville, mais qui se sent terriblement seul, prisonnier d'une certaine misanthropie... La fin d'une certaine époque (la bonne?) est aussi abordée, puisque la fin de l'Ouest Sauvage est symbolisé par l'apparition de l'automobile. Dommage pour Cable, son eau ne fera pas le poids face au pétrole!

Je terminerais par le casting exceptionnel. A tout seigneur tout honneur, Jason Robards (Cable Hogue) est énorme d'humanisme et de bonhommie. Il n'y a qu'a voir son regard quand il tombe sur les seins d'Hildy, un vrai gosse dans un magasin de bonbon! On a envie d'être son pote et d'être là pour lui! Un grand acteur, mais ça, personne ne peut en douter! A ses côtés, David Warner (Joshua) commet un énorme délit : tenter de voler la vedette à Jason! Et il est à deux doigts d'y arriver! Il est énorme de drolerie et de tchache dans le rôle du prêtre lubrique à souhait! Dur d'exister entre ces deux lâ! Il faut un sexe faible fort! Mission accomplie avec Stella Stevens (Hildy), blonde à forte poitrine donc (Il faut au moins ça pour être élue Miss Janvier 1960 chez le lapin aux grandes oreilles), qui ravira l'oeil de chaque mâle qui se respecte mais qui nous propose aussi une panoplie d'actrice complète et qui fait du rôle de la prostituée un rôle fort! Un sans faute!

Voilà donc un western original et décalé qui fait passer un bon moment de cinéma
Kowalski

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20

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