D'après un roman peut-être quelconque, Jacques Prévert propose un scénario et des dialogues farfelus, qui n'ont pas la dinguerie qui culminera dans "Drôle de drame", mais qui soufflent sur la comédie un petit vent de folie bien rafraîchissant.
Pour faire court : le millionnaire Melleville fait un séjour incognito dans une station de sport d'hiver et passe pour un indigent, tandis qu'un pauvre (Pierre Brasseur) est confondu avec le susdit millionnaire.
Le quiproquo implique une floppée de personnages et une fine équipe de comédiens (Larquey, Tissier, Dechamp...); Certains d'entre eux, conformément au style Prévert, ont des marottes, ainsi le personnage brusque du millionnaire, qui aime les oiseaux et les jouets. Le vétéran et méconnu Max Dearly, qui a beaucoup œuvré dans le cinéma muet, fait un plaisant numéro.
Le sujet et ses incidences sont amusants sans être appuyés, futiles sans être imbéciles. Tandis que les personnages sont au-dessus des conventions ordinaires du boulevard en ce qu'ils manifestent une candeur ou une excentricité saugrenue. C'est ce qui les rend attachant. Même la jeune première, avec sa vivacité d'esprit, se met au diapason. Ce n'est donc pas tant un film de Richard Pottier -qui a le mérite de maintenir une dynamique- qu'une comédie "à la Prévert".