Dès le départ, mes attentes envers Un parfait inconnu étaient mitigées. Les biopics, surtout ceux consacrés aux musiciens, m'ont souvent laissée sur ma faim, les trouvant trop linéaires et prévisibles. Ma connaissance de Bob Dylan se limite à quelques-unes de ses chansons emblématiques, sans réelle immersion dans son univers ou son génie souvent vanté. Je m'attendais donc à un film esthétiquement réussi — c’est James Mangold tout de même — mais sans grande révélation.
Et oui, c’est bien le cas, en tout cas pour moi. James Mangold démontre une fois de plus sa maîtrise en matière de cinématographie, avec des choix de couleurs et de cadrages impeccables. Les performances des acteurs sont remarquables, notamment Boyd Holbrook dans le rôle de Johnny Cash, qui apporte une profondeur particulière au personnage. Y a pas à redire, c’est un film techniquement beau et bon. Son rythme soutenu alterne habilement les séquences musicales et le développement narratif — ce qui évite de donner l’impression de trop de reposer sur la musique — rendant les 2 h 21 presque imperceptibles.
Cependant, le film révèle rapidement ses limites en tant que biopic. Peut-être que mon manque d'affinité avec Bob Dylan y contribue, mais l'histoire m'a semblé trop linéaire, sans surprises majeures. Je suis contente que le film se concentre sur une période précise, les débuts de Dylan et sa transition vers la musique électrique, et évite ainsi la liste d’étapes à cocher. Mais j'aurais apprécié une exploration plus approfondie de certaines thématiques, comme les « secrets » de la jeunesse de Dylan, l'engagement militant de Baez ou le côté iconoclaste de Cash. La caractérisation de Dylan, interprété par Timothée Chalamet, le rend parfois antipathique, ce qui crée une distance émotionnelle. J'ai eu du mal à percevoir le génie souvent attribué à Dylan, tout semblant lui venir avec une facilité déconcertante. En comparaison, Walk the Line du même réalisateur m'avait profondément marquée, malgré une connaissance limitée de Johnny Cash. Ce film dégageait une intensité émotionnelle que je n'ai pas retrouvée ici.
Un parfait inconnu est un film techniquement irréprochable, avec une direction artistique soignée et des performances solides. C’est objectivement un très bon film. Mais subjectivement, il lui manque cette étincelle capable de transcender le simple biopic pour véritablement captiver et émouvoir, surtout pour ceux qui ne sont pas déjà conquis par l'aura de Bob Dylan. En vrai, à la fin du film et face à ma déception, on m’a plutôt conseillé de voir I'm Not There, qui, selon des amis, offre une perspective plus innovante sur Dylan.