Un petit air de révolte

Hongrie 1956. Quelque chose se prépare...

"Un petit carrousel de fête" sort cette année là. Un film d'amour, un mélodrame paysan en plein milieu de la collectivisation agricole. Pas de quoi effaroucher la sévère censure de l'oncle soviétique... Un joli petit film en perspective...

Et pourtant avec le recul, voilà bien un film qui a su transmettre à couvert l'ère de son temps. Et ce sera celle de la révolte sourde du peuple hongrois au grand damne de la censure de l'époque. Mais derrière les gros sabots de la propagande quasi quotidienne à l'époque, caricaturant les agriculteurs qui refusent de faire partie de la coopérative locale comme des arriérés empêtrés dans leur fierté et leurs certitudes ancestrales, se cache en fait un cri de liberté que la censure hongroise de l'époque n'a pas su comprendre.

Le jeune couple symbolisant le futur prêt à s'affranchir des règles dites immuables quel qu'en soit le camps. Car au détour de la séquence où le père de Marie réclame à récupérer ses anciennes terres, Zoltan Fabri ose aussi épingler avec habilité la désastreuse politique agricole de la collectivisation imposée aux paysans par l'URSS par le passé. Le message est claire, l'avenir ne passera ni par la collectivisation, ni par le retour au passé...

Si le scénario reste sur les bases d'un mélodrame amoureux des plus classique d'une fille promise à un fiancée qu'elle n'aime pas, face à un prétendant que son père désapprouve, ce sera surtout formellement que le film va se démarquer. Et tout spécialement par ses séquences de fêtes. Celle de la fête foraine au début est déjà filmée de façon magistrale, très inspiré du cinéma poétique français des années 30. Mais c'est surtout celle du bal du mariage où la danse du couple d'amoureux se transforme peu à peu en un rite chamanique dont Marie sortira transformée, étourdie et en transe ! Une leçon de cinéma magistrale !