Roger Loukitch est projectionniste aux cinémas Utopia d’Avignon (Manutention & République) depuis plus de 30 ans (depuis le 1er septembre 1992 pour être précis). Le réalisateur Pascal Catheland (et ancien collègue de Roger), l’a filmé dans son quotidien et nous livre le portrait enthousiasmant d’un passionné de cinéma.
Après tant d’années à projeter des films, on n’imagine pas le nombre incalculable d’anecdotes que Roger peut avoir accumulées dans sa mémoire et en l’espace de 70 petites minutes, nous allons pouvoir en découvrir quelques-unes. Roger, c’est d’abord un mordu et un amoureux du 7ème Art, on pourrait l’écouter déblatérer des heures et des heures sur tel ou tel film, tel ou tel cinéastes, …
Le portrait que nous dresse le réalisateur est captivant (même si j’ai (presque) plus rien à apprendre du métier de projectionniste, travaillant depuis près de 15 ans dans un cinéma, mais pour les néophytes, c’est super didactique). On découvre à quel point Roger est multitâches et ne se contente pas simplement de "lancer un film" (il gère les entrées de salle et fait le placement en salle lorsque celle-ci est complète) et bricole de temps à autre (notamment pour réparer les fauteuils ou les projecteurs 35mm).
On découvre aussi son rapport à son métier, notamment le plus grand changement de sa carrière, à savoir le passage du 35mm au numérique (plus de bobines 35mm à manipuler, uniquement des DCP à brancher et à ingester dans les serveurs), avec l’arrivée du numérique, c’est tout un bouleversement qui s'opère, le cinéma s’automatise, là où il fallait plusieurs projectionnistes, un seul est suffisant pour gérer plusieurs salles à la fois. On découvre tout comme lui à quel point le monde change et comment il doit s’adapter.
Il nous parle de son métier, tout en alternant avec des anecdotes passionnantes et amusantes (notamment sur la projection du film Chair pour Frankenstein (1973), projetée en 3D relief, sur le cinéma Le Palace à Avignon qui, lors d’un précédent chantier de rénovation, lui a permis de récupérer des centaines d’affiches entassées depuis des décennies, nécessitant une semaine pour tout débarrasser, sans oublier son passé de caïd qu’il évoque sans la moindre pudeur).
Il m’est difficile de ne pas l’écouter avec admiration, lui qui (comme moi) conserve encore ses VHS et collectionne plus particulièrement les films de la Hammer. On devine chez Roger son amour immodéré du 7ème Art et surtout, ce film permet de mettre en lumière un métier de l’ombre qui tend à disparaître à l’ère du tout numérique.
Depuis la fin du tournage, la vie de Roger à changé et pas qu’un peu, puisqu’il a pris sa retraite à l’été 2024.
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