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À force de voir des films réalisés par des metteurs en scène iraniens, on commence à savoir qu’ils savent faire du bon cinéma, et même du très bon. C’est le cas avec « ce simple accident ». L’argument est des plus simples « Que peut-on faire d’un tortionnaire quand on l’a retrouvé et qu’il est à son tour à votre merci ? ». Ce que nous montre Jafar Panahi est une pièce de théâtre avec une unité de lieu, de temps et d’action. Un drame majuscule et minuscule à la fois sur l’espace d’une journée. Ce format permet à des personnages aux mentalités différentes d’exprimer leur point de vue, leurs émotions et leurs velléités d’agir avec leurs mots, leur éducation et leurs valeurs propres. Voilà, tout est dit. Ce serait déjà un très bon film rien qu’avec ça, mais ce film a été tourné clandestinement à Téhéran en Iran de nos jours et chaque scène, chaque dialogue, en résonne différemment. Nombreuses sont les scènes d’extérieur qui pourraient paraitre innocences et banales si elles n’étaient pas les révélateurs des fractures et des contradictions de la société iranienne contemporaine qui font écho à celles qui ont brisé les protagonistes de ce « simple accident ». Les scènes « intimistes » se passent dans un fourgon ou dans des lieux ouverts, mais déserts. C’est là que s’exprime toute la souffrance, la violence et le désir de vengeance. Les dernières scènes sont la traduction de toute la souffrance de ce peuple qui mérite des dirigeants meilleurs que ceux qui tiennent le pays sous leur coupe. Le meilleur est pour la fin, car le metteur en scène sait comment terminer un tel film. Trois points de suspension qui nous forcent, à notre tour, à prendre position. « et toi, tu ferais quoi ? ». Une palme d’or méritée !


SaintPol
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le 25 oct. 2025

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